Michael Pisaro - the earth and the sky (Reinier van Houdt)

Hormis field have ears pour piano et bande magnétique et Fade pour piano, joués par Phillip Thomas sur un disque publié en 2010, ainsi qu'une récente collaboration avec Christian Wolff, les disques de Michael Pisaro offrent rarement l'occasion d'entendre des pièces pour piano. Il aura fallu attendre 2016 pour que le pianiste Reinier van Houdt et Pisaro se trouvent, enregistrent ensemble et publient the earth and the sky, une coffret qui réunit la majorité des compositions pour piano de Pisaro, des pièces écrites entre 1994 et 2016.

Sur les 11 pièces présentées ici (soit 223 minutes d'enregistrement), on retrouve beaucoup de points communs. Mis à part la présence de silence (Pisaro reste membre de wandelweiser) : l'aspect majestueux du piano est souvent mis en avant, la présence de Pisaro à travers des sinusoïdes, des dispositifs d'enregistrement - parfois  inspirés par Toshiya Tsnuoda et toujours savamment pensés, et des générateurs de bruits reste très discrète, les parties pour piano sont souvent mélodiques ou axées sur les harmoniques naturelles. Mais chaque pièce possède bien évidemment son individualité propre.

Chaque pièce est un univers propre qui explore le son de manière particulière. En terme de durée déjà, les réalisations de ces pièces peuvent durer entre 3 et 73 minutes ( pour C. Wolff et green hour, grey future) aussi bien que 10 ou 35 minutes (pour distance (1) et field have ears (2) par exemple). Mais chacune explore différents systèmes de composition et d'enregistrement : des compositions axées sur des répétitions centrées sur les harmoniques comme sur Fade, ou axées sur des aspects plus mélodiques et qui répondent aux compositions traditionnelles pour piano comme sur field have ears (2), des systèmes d'enregistrements avec des micros placés à des endroits stratégiques qui font entendre le piano d'une autre manière comme sur Akasa, ou à travers des stéthoscopes comme sur half-sleep beings, etc.

Ce n'est pas évident de présenter toutes ces pièces, il faudrait en analyser les particularités et les intérêts de chacune. Ici, je dirais simplement que pour qui s'intéresse à l'œuvre de Michael Pisaro ou même à wandelweiser, ou pour qui s'intéresse à de nouveaux systèmes d'écoute ou aux compositions pour piano, il y a largement matière à trouver de superbes trouvailles dans ce disque. De mon côté, je suis ravi d'avoir découvert green hour, grey future, la longue et fantomatique pièce qui ferme ce coffret, mais aussi la mise en abstraction du piano sur les deux versions de pi, ainsi que deux magnifiques réalisations de Les Jours, Mon Aubépine et field have ears (2). Les mélodies sons superbes, les systèmes électroacoustiques sont ingénieux et frais, les compositions profondes, justes et équilibrées, et les réalisations aussi fines que précises.


MICHAEL PISARO / REINIER VAN HOUDT - the earth and the sky (3CD, erstwhile, 2016)