Myelin - Axon (Intonema, 2011)


Je ne sais pas si Heddy Boubaker et Birgit Ulher conçoivent leur musique comme un système ou un ensemble neuronal, mais en tout cas, le nom du projet ainsi que le nom de cette deuxième publication se rapportent explicitement à deux termes neurologiques en rapport avec la constitution de la fibre nerveuse. Quoiqu'il en soit, j'éviterai la comparaison car la neurobiologie est une discipline complètement inconnue pour moi.

Si chacun des deux musiciens utilise avant tout son instrument de prédilection: le saxophone pour Heddy et la trompette pour Birgit, ils l'utilisent néanmoins de la même manière que les différentes sources présentes sur ces sept pièces, comme la radio, les haut-parleurs, la sourdine, etc. Et s'il est souvent dur de différencier les deux instrumentistes, on peut même avoir parfois du mal à différencier les instruments des autres objets. Myelin oscille entre une tendance à faire du bruit à partir des instruments grâce à l'utilisation d'une multitude de techniques étendues comme les slaps, souffles, crépitements, flatterzunge, etc. (et les deux soufflants sont connus pour leur virtuosité et leur créativité dans ce domaine); le duo oscille donc entre cette tendance et celle  qui consiste à faire de la musique à partir d'objets non-musicaux.

Ce qui est surprenant et réjouissant avec Axon, c'est que malgré une abstraction évidente et constante (car même le peu de notes jouées surgissent comme des phénomènes bruitistes), cette suite d'improvisations n'apparaît pas du tout comme une suite froide ou austère. La complicité et la proximité entre les deux musiciens diffusent une chaleur pas évidente à trouver et à produire dans ce genre de musique: l'écoute semble très sensible et l'interaction très intime à tel point qu'on différencie difficilement les deux musiciens comme je le disais plus haut déjà. Et c'est cette interaction qui fait d'Axon une suite empreinte de chaleur et d'humanité, deux caractéristiques qui rendent l'écoute beaucoup plus facile et les techniques étendues  beaucoup plus intéressantes.

Une suite pleine de virtuosité, pas forcément très innovante, mais plutôt jouissive grâce à cette interaction chaleureuse et intime entre les deux membres de Myelin. Bon boulot!