Mika Vainio était l'un des membres du duo finlandais Pan Sonic, un duo de musique électronique minimale formé au milieu des années 90. Je ne connais pas très bien la musique de ce duo, ni les projets solo de Vainio. De chacun, j'en ai entendu quelquefois, mais je ne me rappelle que du récent - et excellent - quartet auquel a participé MV, aux côtés de Capece, Dörner et Ankersmit.
Pour FE304 - Magnetite, composé et enregistré à Berlin entre 2011 et 2012, MV propose une musique électronique étrange et très personnelle, complètement hors des sentiers battus. Il s'agit d'une musique grave, lourde, souvent sombre et pesante. Une musique parfois noise et corrosive, parfois ambient, dark, doom, industrielle, mais toujours électronique, de l'électronique propre et lisse, unique en son genre. Une musique qui peut être très linéaire ou qui peut posséder des accents industriels lentement rythmés, dans des ambiances lisses et analogiques, ou abrasives et saturées. Les sonorités de MV possèdent toutes une touche très singulière, il y a toujours un accent qui les écarte de ce que l'on pourrait attendre. Et c'est ce que semble rechercher MV, aller contre attente. Car les sept pièces qui constituent FE304 - Magnetite semblent toutes partir d'une idée longuement exploitée, de manière continue et stable, avant d'être rompue et fracturée par un autre univers qui n'a plus rien à voir. Les univers se succèdent sans prendre en compte ce qui a eu lieu précédemment. Dès que l'on se conforte dans une des multiples nappes minimales et linéaires proposées par MV, celui-ci s'empresse d'y mettre fin et de passer à tout autre chose, à un autre territoire sonore sans lien logique avec le précédent. Toujours: des textures et des ambiances très recherchées, et surtout inattendues. MV sait envoûter par l'originalité et/ou la beauté et la clarté de ses sonorités, mais il sait surtout surprendre l'auditeur grâce aux structures adoptées. Une surprise inconfortable, mais qui place aussi l'auditeur dans une position d'écoute active, aux aguets, une position de questionnement et d'attention.
En tout cas, la musique de MV est ici très recherchée, les nappes et les textures sont d'une clarté, d'une propreté et d'une originalité plutôt remarquables et souvent jouissives. Quant à la structure, hors du commun, fracturée et allant contre attente, dans des zones parfois inconfortables et risquées, on ne peut nier son inventivité et sa créativité, et ce malgré quelques longueurs - longueurs qui semblent être là volontairement pour participer à placer l'auditeur dans une zone inconfortable où il ne peut rien prédire, inconfortable mais unique! Une musique précieuse, paysagère, sombre et onirique (ou cauchemardesque parfois), mais surtout inventive.
(date de publication du CD: 3 septembre 2012)