Choi Joonyong, Kevin Drumm, Hong Chulki - Normal

Il y a près de deux ans, à l'occasion d'un voyage de Kevin Drumm à Séoul, deux des plus importants artistes de la scène expérimentale sud-coréenne ont pu enregistrer à Séoul un excellent trio. Improvisations électroacoustiques, expérimenations post-eai, noise abrasive, détournements technologiques, murs de bruit blanc digitaux : bienvenue sur Normal de Choi Joonyong, Kevin Drumm et Hong Chulki.






Souvent, dans les musiques improvisées, et dans la noise aussi parfois, chaque musicien se fait un plaisir de lister tous les instruments et objets utilisés pendant les enregistrements, on s'étonne de retrouver telle ou telle incongruité, surtout que des fois, plus la liste est suprenante, moins la musique l'est. Le trio ici ne précise rien, tout ce qu'on sait, ce qu'on entend, c'est qu'il y a de l'électricité dans l'air. On peut bien imaginer toutes sortes de sources possibles : des ordinateurs, des platines, des disques durs, des feedbacks de table de mixage, des microcontacts, pourquoi pas une guitare, des micros, des magnétoscopes, des jouets, des radios ; on ne sera jamais sûr de rien.

Le trio emploie toutes sortes de sources électriques pour les faire hurler, siffler, cracher, tempêter, souffler, et bourdonner. On s'imagine aisément les trois musiciens enfouis sous un amas de cables, d'objets démontés et préparés, de platines estropiées, d'objets connectés à des feedbacks pour contrôler ces derniers, d'appareils hifi désuets retournés sur eux-mêmes, de pédales d'effets bon marché et de circuits imprimés autonomes. Et les trois comparses font sortir de cette masse orgnanique et électrique d'une culture technologique et médiatique usée une orgie sonore de larsens suraigus, de bourdons telluriques, de murs de bruits blancs assaillants, d'assauts abrasifs et percutants.

Le disque est divisé en cinq pièces, cinq pièces d'environ 10 minutes. Durant chacune, chaque musicien semble se concentrer sur une source électrique à la fois, ou du moins sur un type de timbre. Même si le trio est créatif au niveau des textures, il joue surtout sur la construction de dynamiques différentes et sur le découpage au sein de chaque pièces. C'est toujours très tendu, très abrasif, aucun doute, mais les dynamiques n'arrêtent pas d'être modifiées, parfois lentement, par soustractions ou additions progressives, parfois par découpages bruts et chirurgicaux dans la masse sonore.

Il y a quelque chose de minimaliste et de répétitif malgré l'aspect orgiaque et démesuré de ces pièces. Les mêmes grésillements, le même larsen ou le même buzz ne cesse de revenir au sein de chaque pièce, comme un fil conducteur qui apaiserait la tension propre à cette masse hystérique d'électricité déchaînée. Les phénomènes électriques paraissent incontrolables d'un côté, de par leur intensité et leur tension, et en même temps, tout paraît construit et découpé avec beaucoup de finesse et de précision. L'électricité fuse, dérive et nous assaille, mais le trio ne perd pas le nord, et sait toujours où il va. Il y en a toujours un pour le rappeler et réitérer tel ou tel élément sonore, comme pour rappeler que tout est sous contrôle.

Et pour finir, juste un mot sur les différentes dynamiques de ces pièces. Choi, Drumm et Hong jouent sur des variations d'intensité et de dynamique assez grande, passant d'un simple larsen à un mur de bruit blanc saturé avec sirènes, d'un cliquetis électrique à une profusion de fréquences extrêmes. Et ce qui surprend dans ces pièces, c'est qu'à travers toutes ces variations, la tension est toujours la même. Quelque soit l'intensité ou la dynamique en cours, l'aspect abrasif et extrême de chaque phénomène sonore nous plonge dans un état de tension permanente, mais toujours maîtrisé, car la construction fait que l'on ne se fatigue jamais, qu'on ne se lasse pas de cette tension, contrairement à beaucoup de disque de harsh noise. Cette tension n'est pas usante comme dans la noise, et les moments d'accalmies ne sont pas là juste pour reposer, mais ont leur tension propre, et leur intérêt aussi fort que les passages violents : les écueils de la noise et de l'eai sont ainsi évités.


CHOI, DRUMM, HONG - Normal (CD, Balloon & Needle, 2015) : http://www.balloonnneedle.com/bnn29.html



Wolf Eyes - I Am a Problem : Mind in Pieces

I Am a Problem : Mind in Pieces, comme tout le monde, m'a surpris à la première écoute. J'avais bien vu qu'il était publié sur un label beaucoup plus commercial que d'habitude, que beaucoup le considéraient comme une sorte de revirement, ou de trip rock innatendu, qu'il y avait de la guitare, de la voix et de la batterie. Et aux premières écoutes, moi aussi, j'ai été étonné d'entendre des chansons qui pouvaient faire penser à Pere Ubu, à Sonic Youth, aux Stooges, à Current 93, au Velvet Underground, des chansons grunge ou noise rock (...fin des comparaisons). Et pourtant, à la longue, je n'y vois plus de revirement, soyons clair, le changement n'est pas non plus aussi radical que le tournant synth pop du Machine Age Voodoo de SPK par exemple : Wolf Eyes fait peut-être dans le noise rock, dans la chanson rock pour cet album, mais ça n'en reste pas moins du Wolf Eyes, et je ne pense pas que les admirateurs de ce trio culte seront si surpris, et encore moins déçus.


Alors oui bien sûr c'est très rock (pour faire court et ne pas s'attaquer aux sous-genres). Mais un rock malsain, un rock noise. Du rock clamé avec des riffs de guitare saturée, augmentée de pédales fuzz, des synthés bizarre dans le fond, et des rythmiques tribales. Ce n'est pas du rock superstar, Wolf Eyes ne cherche pas la célébrité (ils l'ont déjà), ils explorent juste une autre facette de leur esprit dérangé et s'attaque au rock, dans une version indus.

Malgré les riffs, le chant, et la batterie acoustique, on retrouve les mêmes effets typiques de Nate Young à la voix, une voix glauque, moite, une voix inquiétante réverbérée, sale, ou nasillarde selon les morceaux. On retrouve aussi les ambiances indus, l'utilisation de sonorités métalliques, les larsens, et tous les débris de notre société technologique. Ce n'est pas vraiment axé power electronics, mais pourtant les rythmiques sont primitives, lourdes et grasses même si elles sont acoustiques, la batterie a peut-être remplacé les boîtes à rythmes et synthés, mais pourtant, elle est toujours martelante, percutante et agressive.

Wolf Eyes semblent seulement être retournés aux principes de l'indus. Ils mélangent le rock avec les musiques expérimentales : I Am a Problem est une superbe illustration des possibilités offertes par l'intégration de l'indus et de l'électronique dans le rock pour produire une musique toujours aussi décalée, subversive, malsaine, et déroutante mais... populaire. Drone, larsens, solos de guitare abrasive, riffs primitifs et obsessionnels, rythmiques agressives et sauvages, utilisation rudimentaire de matériels technologiques, chants obscurs s'entremêlent pour créer des strips sonores glauques, ambiance série Z expérimentale, rock désinhibé et bipolaire, road-movie dans un univers tabou et intime avec bande-son indus.


WOLF EYES : I Am a Problem : Mind in Pieces (LP/CD/cassette, Third Man, 2015) : label / stream 


Rudolf Eb.er - Extreme Rituals

Autoproclamé chamane d'art brut, éminent artiste de la branche psychoacoustique du field recordings, acteur fondateur de l'actionnisme zurichois, chercheur en expérimentations psychologiques et acoustiques, performer "rituel", créateur du collectif Schimpfluch, Rudolf Eb.er est un des artistes noise les plus extrêmes et les plus reconnus depuis les années 80. Né en Autriche, il a grandi en Suisse où il a fondé Schimpfluch avant d'émigrer au Japon. On a l'habitude de considérer ce pays comme tiraillé entre tradition et modernité, tiraillé entre le costume trois pièces du self made man et les retraites monastiques des shintoïstes, entre le kimono de l'aïkidoka et les tenues de base ball, entre le cri technologique de la japanoise et la quête spirituelle et traditionnelle de l'école de la respiration, entre le cinéma minimaliste d'Ozu et l'hystérie cyber punk de Tetsuo. Beaucoup de clichés, et si je ne sais pas lequel a pu attirer Rudolf Eb.er vers ce pays, ça ne m'étonne pas qu'il est choisi un pays marqué par la confrontation entre ces extrêmes psychologiques, rituels, et esthétiques.


Je reviens dans cette chronique sur un LP publié en 2012 par le label français erratum : Extreme Rituals. Entre le field-recording brutal, la musique électroacoustique industrielle, et le cut-up social, ces rituels sont de véritables tortures psychiques et des bombes esthétiques. Des hurlements féminins, des klaxons, des porcs qui grouinent, des outils du BP, des martèlements incessants, des aboiements, des bruitages de porte ou de flagellations, et encore plein d'autres sources sonores sont découpées, démontées, déconstruites, mises en boucle, des sources qui disparaissent et reviennent sans cesse, qui sont accélérées, ralenties, mixées toujours plus fortes dans une symphonie de l'aliénation moderne.

La musique de Rudolf Eb.er est perturbante parce qu'elle vient de notre quotidien. Un quotidien sonore angoissant, bruyant, malsain. Le quotidien d'une société qui a tout misé sur le progrès et s'adonne aux plaisirs technologiques et industriels. Rudolf Eb.er exploite la tension propre aux médias, aux technologies, à l'industrie, et à la culture (de masse) et révèle les excès psychotiques de notre monde. Ces Rituels sont ceux d'un homme qui veut confronter la violence d'un monde protéiforme et chaotique à l'unité d'un esprit. Le monde nous assaille à travers les haut-parleurs, et cet assaillement renforce notre solitude durant l'écoute. L'expérience n'est pas des plus agréable ; elle est même angoissante, stressante, ou traumatisante selon notre sensibilité et les conditions d'écoute. Le plaisir n'est pas recherché, non, ce qui est recherché c'est la destruction de nos esprits déconstruits par la modernité, un déconditionnement pur.

Mais en même temps, le plaisir est bien là, le plaisir d'être surpris par chaque moment innatendu, à travers la profusion de sources, chaque surprise qui compose ces rituels débridés. Le plaisir d'expérimenter une musique aussi puissante, intense et viscérale. Car les enregistrements bruts et proches, les découpages chirurgicaux, ainsi que le montage aliénant et obsessionnel de ces pièces font de ces Extreme rituals une suite jouissive de manipulations sonores structurées avec précision et intelligence, une déconstruction savante, spirituelle et organique du monde sonore. Et nous, auditeurs, sommes ravis de jouir de ce talent, de cette précision, de cette brutalité bestiale, de cette intensité malsaine, malgré toute l'angoisse et les perturbations psychiques que l'on peut resentir.

RUDOLF EB.ER - Extreme Rituals (LP, erratum, 2012) : erratum / bandcamp

Adrian Knight - Obsessions (R. Andrew Lee)

Depuis deux ou trois ans, j'ai plusieurs fois eu l'occasion d'écouter les disques de R. Andrew Lee. Et à chaque fois ça a été une très bonne surprise. Au début, j'étais vraiment content d'entendre un nouvel interprète des pièces de Jürg Frey et Eva-Maria Houben surtout, puis, au fur et à mesure que je recevais ses autres disques, j'appréhendais toujours de tomber sur un disque de piano solo minimaliste chiant, surtout quand je ne connaissais pas les pièces qu'il réalisait. Je ne connaissais pas Dennis Johnson, ou Paul A. Epstein, mais je n'ai jamais été déçu ni par les réalisations de ce pianiste américain, et surtout pas par son répertoire. Je ne connaissais pas Adrian Knight non plus il y a encore quelques semaines, un jeune compositeur américain d'origine suédoise, dont le travail est divisé entre les compositions pour piano et des projets new-wave ou ambient (d'après les notes de la pochette), et pourtant, ses Obsessions sont peut-être la plus belle pièce réalisée par R. Andrew Lee que j'ai entendu.


Les Obsessions d'Adrian Knight peuvent être qualifiées de minimaliste mais avec des précautions. Il s'agit d'une pièce minimaliste au même titre que certaines compositions tardives de Satie ou Feldman. C'est une longue pièce de plus de 45 minutes, sans structure harmonique rigide et linéaire, pour piano seul, avec une pulsation globalement assez lente (mais pas trop), et de nombreuses pauses : voilà en somme ce qui pourrait faire de cette pièce une composition minimaliste, mais en réalité, c'est tout autre chose. Chez Haydn ou chez Mozart, comme chez la plupart des compositeurs classiques, l'art de l'écriture repose en grande partie sur les ornements, sur des trilles inattendus, des arpèges, des battements et des appoggiatures qui mettent en valeur la structure harmonique et révèle la progression narrative des accords. L'impression que m'a donné cette dernière pièce est d'être purement ornementale, d'être une suite de fioritures, sans structure sous-jacente.

Les Obsessions de Knight ne sont pas des fioritures à proprement parler, il s'agit d'accords, de bribes de mélodies et de ritournelles, mais il y a une légèreté propre à la fioriture dans toutes ces phrases. Adrian Knight a écrit une longue pièce sans construction précise, une pièce qui a pour seul principe de "devoir se conclure", d'avoir une fin. Des mélodies assez courtes se succèdent, des progressions harmoniques de quelques minutes, il s'agit de figures musicales qui se développent sans jamais aboutir à quoique ce soit, une question sans réponse, ou plutôt une suite de questions avec des retours en arrière et des sauts en avant.

Toutes ces figures mélodiques ou harmoniques progressent vers un lieu imprévisible. Elles semblent n'aller nulle part, elles semblent se diriger vers elle-même en fait, comme un drone ou certaines pièces de Feldman. Et voilà un des éléments qui fait toute la beauté de cette œuvre, c'est qu'on ne sait jamais vers quoi on se dirige. Les structures harmoniques sont désordonnées, désorientées, elles ne se dirigent jamais vers là où elles devraient aller. Cette désorientation propre à une sorte de détournement harmonique nous plonge ainsi dans une sorte d'univers vraiment onirique, un univers que l'on connaît, plein de repères, de souvenirs, d'accroches, mais malgré tout, instable, labyrinthique, imprévisible.

L'autre élément qui me ravit à l'écoute de cette pièce, c'est la pure beauté de ces figures musicales toutes simples, épurées, lentes, traînantes parfois. Des ritournelles effectivement obsédantes, des ritournelles qui nous possèdent, très émouvantes. R. Andrew Lee les réalise avec un toucher délicat, en jouant parfaitement des pédales et en accentuant chaque fin de phrase par de sublimes résonances. Toutes ces obsessions sont réalisées avec finesse, tendresse, et passion. Une seconde mineure peut changer la face du monde, au moins dans notre esprit, dans ces conditions. Les harmoniques du piano accentuent chaque émotion, chaque sentiment que ces figures et ces phrases portent en elles, elles les accentuent et les portent. Une très belle découverte en somme, qui donne franchement envie de se plonger dans l'univers de ce compositeur, et qui me laisse penser que décidément, R. Andrew Lee est peut-être l'un des nouveaux pianistes les plus talentueux outre-Atlantique.

ADRIAN KNIGHT - Obsessions (CD, Irritable Hedgehog, 2016) : http://recordings.irritablehedgehog.com/album/adrian-knight-obsessions

Brötzmann/van Hove/Bennink - FMP0130

Etant donné que je ne reçois plus autant de nouveautés, je peux en profiter pour parler de quelques albums marquants, sortis depuis longtemps, que je n'ai pas eu le temps de chroniquer ici. Quand j'ai commencé ce blog, la plupart de mes écoutes étaient dirigées vers le free jazz, l'EFI, l'EAI, le réductionnisme et la noise. Mais c'est aussi le moment où j'ai commencé à me détourner un peu de ces musiques - qui étaient elles-mêmes en train de changer.

Aujourd'hui je m'aperçois que j'ai même pas pris le temps de chroniquer un disque de Peter Brötzmann, qui a pourtant été une des figures de l'improvisation les plus marquantes pour moi. Dans les musiques improvisées européennes, il est le symbole de la liberté la plus totale (sans tomber dans les dogmes de la spontanéité), de la rage la plus incandescente, d'une rage héritière d'un free jazz qui a connu l'émergence du punk et de l'indus. Peter Brötzmann possède sa voix, reconnaissable entre mille, une voix libre, illimitée, violente, puissante, et humoristique. De 1970 à 1975, il a su aussi trouver les compagnons de route idéaux avec Fred van Hove et Han Bennink, en trio ou en compagnie du tromboniste Albert Mangelsdorff, avec qui il a enregistré certains de ses disques les plus incroyables.


En 1973, FMP publiait donc le deuxième disque de ce trio (ou le cinquième si on compte les trois autres en compagnie de Mangelsdorff), un disque sans titre qu'on a pris l'habitude de nommer par son index FMP130. Le trio proposait une suite de dix courtes pièces à moitié improvisées et à moitié écrites par un des membres, des miniatures d'à peine plus de cinq minutes pour les plus longues. Une suite complètement déjantée où se succèdent des cris de saxophone basse, des cris humains, des improvisations collectives saturées, des vignettes de piano enfantines, des harmoniques de clarinettes en duo, encore des cris, encore des blasts, et encore des cris, avant de retrouver un ragtime à l'ancienne, le tout entrecoupé de morceaux très calmes ou drôles.

La liberté est ce qui caractérise le plus ce disque. Pas celle de refuser l'écriture, les mélodies et les rythmes. La liberté de composer la musique qu'ils voulaient entendre, que le trio souhaitait jouer. Une musique criante, drôle, dansante, violente, naïve, selon les pièces. Le trio passe du coq à l'âne, et pourtant on le reconnaît toujours. On le reconnaît à cette liberté de ton, à ce lien organique qui réunit les trois musiciens, à travers toutes les esthétiques différentes qu'ils utilisent.

Le trio Brötzmann/van Hove/Bennink est une vraie force de proposition. Il ne nie pas ni ne rejette le passé. Il ne se contente pas d'être subversif et agressif. Ce trio n'a rien de négatif, il est tout ce qu'il y a de plus positif en tant qu'il propose une nouvelle voie. Une voie qui réutilise et se réapproprie des thèmes, des manières, des structures, des timbres, pour créer leur musique. Une musique originale, qui va au-delà des frontières musicales, qui bousculent ces dernières sans les rejeter. Et c'est ce qui fait toute la force de cette formation. Bien sûr, il y aussi cette intensité au niveau instrumental, les attaques nerveuses de Fred van Hove, les cris de Brötzmann, les rythmiques chaotiques de Bennink, mais leur force est ailleurs. Elle est dans cette réappropriation de la musique, dans cette proposition positive de la musique improvisée. Le trio ne conçoit pas l'improvisation comme une manière de rejeter ou de s'opposer à la composition, il allie d'ailleurs très bien les deux, mais il conçoit la musique improvisée comme une nouvelle manière de s'approprier les traditions musicales. Cette conception de la musique improvisée, en plus de l'engagement viscéral dans la performance et les instruments, de l'intensité et de la puissance incessantes de ces 10 miniatures, tout ça fait de FMP 130 l'un des plus grands disques que j'ai eu à entendre.

PETER BRÖTZMANN, FRED VAN HOVE, HAN BENNINK - FMP0130 (LP, Cien Fuegos, 2015, réédition) :  http://www.cienfuegosrecords.com/images/cienfuegos/pdfs/CF012.pdf