Bassiste, contrebassiste et guitariste qui œuvre principalement dans les musiques improvisées depuis plus de dix ans maintenant, Margarida Garcia est une musicienne que je connais peu et dont on ne parle pas beaucoup malgré ses collaborations avec des artistes de renom (Mattin, ALfredo Costa Monteiro, Andrew Lafkas, Ernesto Rodrigues, Ferran Fages et même Thurston Moore tout récement). C'est Manuel Mota, sur son label Headlights, qui publiait le premier solo de cette musicienne en 2012, une seule face d'un LP intitulé The Leaden Echo.
Pour cette suite de deux pièces d'environ dix minutes chacune, Margarida Garcia utilise une contrebasse électrique seule, sans effets ni techniques étendues. Il pourrait s'agir de réductionnisme, mais ce serait réducteur d'en parler ainsi. Margarida Garcia a développé ici un langage simple, mélodieux, lancinant, et mélancolique. A l'archet sur la première pièce ou en pizzicato sur la seconde, Garcia développe un chant d'une beauté ensorcelante. Des notes simples, espacées, distantes, et surtout intenses se suivent les unes les autres dans un timbre proche de ce que beaucoup d'entre nous imaginent en pensant au chant d'une baleine. De longues notes résonantes, graves, profondes, des cris doux qui envoutent, bercent, émerveillent. Margarida Garcia propose une suite de deux pièces où la contrebasse se fait le médium d'un chant unique, un chant primitif et animal 'une certaine manière, mais également subtilement poétique et raffiné.
Solo de longues notes qui se répondent, d'harmoniques qui résonnent et forment un espace imaginaire et poétique, d'une femme et d'un instrument qui chantent la poésie du monde, d'un espace, et d'une espèce. Le chant lancinant d'une femme qui fait de la poésie subtile avec son instrument. Le chant d'une artiste qui veut chanter le monde, la contrebasse, et soi-même. Un travail très original sur la contrebasse, un travail voluptueux et poétique, subtil et profond, mais surtout beau et envoutant. Vivement conseillé.
MARGARIDA GARCIA - The Leaden Echo (LP, Headlights, 2012) : lien