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ICH BIN N!NTENDO - Look

ICH BIN N!NTENDO - Look (Va Fongool, 2014)
Après un premier opus en collaboration avec Mats Gustafsson, le power trio norvégien ICH BIN N!NTENDO revient en grande pompe avec Look, toujours sur le label Va Fongool. Les musiciens n'ont pas changé depuis 2012 : Christian Winther à la guitare électrique, Magnus Nergaard à la basse et Joakim Heibø Johansen à la batterie. Quant à la musique, elle n'a pas tellement changé non plus. Une musique brute et sauvage, crade et dissonante, noise et hardcore : soit une guitare et une basse désaccordées qui ne sont presque plus que des pédales de distorsion, et une batterie sans soucis de la pulsation qui tape de partout, avec en plus un ajout de la voix, une voix sans effet, au bord du cri mais pas vraiment, un peu étouffé et bien crade. On pourrait croire à un remix de The Dead C ou du Nihilist Spasm Band par Lasse Marhaug : il y a quelque chose du rock bien dégeulasse et proche de l'art brut, avec en plus une touche de spontanéité et de sauvagerie plus proches de la noise et de l'improvisation libre. Mais bon voilà, un trio guitare/basse/batterie, avec de nombreuses pédales, forcément ça sonne rock et hardcore, et quand on enlève les formes et les structures, pour ne plus jouer que sur l'énergie et la puissance, forcément ça sonne noise. Et dans le genre, je dois avouer que c'est plutôt bien fait : ICH BIN N!NTENDO sait respirer quand il faut avec quelques riffs surprenants ou un arrêt momentané de cette batterie omniprésente et chaotique, le trio sait aussi varier les sons, sait évoluer sur différents territoires même s'il restent proches. 

Mais bref, on ne s'ennuie pas même si ça bourrine toujours, et c'est déjà plus que bien avec cette musique. Le trio sait conserver une grande énergie et une grande puissance tout au long de ces cinq morceaux plutôt courts (entre cinq et une dizaine de minutes), et si l'énergie et la puissance sont toujours au rendez-vous, c'est que le pari est gagné. Amateurs de  noise barré, de rock crade et déjanté, d'improvisation électrifiée, je vous conseille d'y jeter une oreille. 

Anja Lauvdal & Heida Johannesdottir Mobeck

SRAP - K.O. (Va Fongool, 2013)
Skrap est un duo de deux jeunes musiciennes norvégiennes : Anja Lauvdal au synthétiseur Korg MS-10 et Heida Karine Johannesdóttir Mobeck au tuba. Leur musique oscille constamment entre l'electronica pour les couleurs mielleuses, le post-rock et le sludge pour les mélodies sombres et lentes, la noise glitch et lo-fi pour les aspects industriels, artisanaux et archaïques, et l'eai pour les formes déstructurées et spontanées.

K.O est une suite de quinze miniatures (chaque titre dure en moyenne deux minutes) décalées et surprenantes. Et le plus surprenant dans ce duo, c'est certainement le tuba qui, après avoir été modifié par de nombreuses pédales, ne se distingue plus que difficilement du synthétiseur analogique d'Anja Lauvdal. Quinze pièces étonnantes et déroutantes de synthèses sonores comiques et sombres en même temps, absurdes et pesantes à la fois.

Le duo est intéressant pour son côté osé et aventureux, mais manque souvent de mise en forme ou de consistance. On dirait plus une maquette de bon augure qu'un disque fini en somme.

MUMMU - Mitt Ferieparadis (Va Fongool, 2013)
Mummu est cette fois un quintet qui réunit les membres de Skrap et de Ich Bin N!ntendo, soit : Anja Lauvdal au synthétiseur Korg MS-10 et Heida Karine Johannesdóttir Mobeck au tuba, et Christian Skår Winther à la guitare électrique, Magnus Skavhaug Nergaard à la basse électrique, Joakim Heibø Johansen à la batterie. 

Sur ce court 45 tours de quinze minutes, trois pièces sont proposées. On ressent plus l'influence du premier duo sur la première piste avec un morceau explorateur qui va sur des territoires abstraits, fréquences basses et larsens et bruits en tout genre. Puis sur les deux pistes suivantes, c'est le côté punk hardcore du trio Ich Bin N!ntendo qui revient sur le devant, accompagné des excursions improvisées de Skrap. Un joyeux foutoire où tout le mélange se fait avec équilibre et finesse, un foutoire plein d'énergie avec des riffs lourds et gras, accompagnés d'une batterie puissante et des deux aventurières du tuba et du synthé qui donne davantage de profondeur à cette formation à tendance noise-rock et grind improvisé. 

Une musique parfaite pour boire de la bière dans un squat dégueulasse en compagnie des hipsters de votre ville. 

VA FONGOOL ('fuck you')

ICH BIN N!NTENDO & Mats Gustafsson - s/t (Va Fongool, 2012)

Bon, depuis les années 90, avec Painkiller, Naked City, The Ex, puis Zu et The Thing, on a vu une grande vague de musiciens associer étroitement le punk au free jazz, tout en intégrant progressivement la noise qui se développait parallèlement. Sans Aucun doute, le trio norvégien ICH BIN N!NTENDO se place dans cette tradition. Christian Winther (guitare électrique), Magnus Nergaard (basse électrique) and Joakim Heibø Johansen (batterie) se sont récemment associés pour former ce trio entre noise et musique improvisée instrumentale (pour la guitare électrique saturée), sans oublier l'aspect punk de la section rythmique qui joue aussi bien sur des rythmes binaires énergiques que sur la déconstruction. Un mélange de free jazz et de punk  encore renforcé par la présence d'un des chefs de file de ce "mouvement", le saxophoniste suédois qui a fondé The Thing: Mats Gustafsson.

Une collaboration puissante et énergique, avec un son volontairement criard et crade (mixé par Lasse Marhaug). Une musique qui couine, qui gueule, qui hurle, qui blaste, qui tape, et qui sue. Oslo, 2012? ça ne fait pas rêver. Le quartet nous plonge dans des caves malsaines, où se réunissent des désaxés genre le héros d'Oslo, 31 août. Mais contrairement à ce dernier, les quatre musiciens veulent se battre, lutter, et crier leur rage. L'énergie doit sortir. L'inertie n'est pas à l'ordre du jour. Un seul impératif, une seule contrainte: tout évacuer - haine, colère, rage; mais aussi joie, bonheur - en un seul cri d'une demi-heure intense.

Oui c'est bien le genre de truc qu'on a déjà entendu, qu'on se plaît à écouter dans des squats sordides, ça n'a rien d'original, mais ça marche toujours - parce que c'est honnête, sincère, et toujours aussi puissant.

[informations & extraits: http://www.vafongool.no/ICH_BIN_N!NTENDO.html]

Wolfram - s/t (Va Fongool, 2012)

Wolfram est un trio norvégien composé de trois vieux amis: Halvor Meling au saxophone, Fredrik Luhr Dietrichson à la basse acoustique, et Jan Martin Gismervik à la batterie. Pour ce premier album, ce trio nous propose une musique plus classique que le trio précédent. Du free jazz à l'état pur, avec une traditionnelle formation entièrement acoustique sax/basse/batterie. La section rythmique est souvent décalée, déconstruite, elle joue sur les intensités et les dynamiques sans trop se soucier de pulsation ou de rythmes. Quant au saxophone, un jeu criard et virulent, énergique et intense comme il fait, mais certainement un poil trop monocorde et redondant. Heureusement, il y a cette excellente section rythmique qui est toujours là pour donner du relief et du nerf. Car fondamentalement, la musique de Wolfram est nerveuse, colérique et intense comme un trio d'Albert Ayler sans les thèmes extraits de différentes musiques populaires. Mélodies, thèmes, et rythmiques s'effacent ici au profit d'une nervosité omniprésente et  d'une colère insatiable. Le cri à l'état pur, sans fioritures. Pour les amoureux du free jazz.

[informations & extraits: http://www.vafongool.no/Wolfram_Trio.html]

PGA - Corrections (Va Fongool, 2012)

Composé uniquement par la section rythmique de Wolfram, PGA est un duo qui rassemble donc Fredrik Luhr Dietrichson à la basse acoustique, et Jan Martin Gismervik à la batterie. Corrections, paru sur le même label, est également leur premier disque, et pour un premier, c'est plutôt prometteur. Il ne s'agit plus vraiment de free jazz, basse et batterie sont utilisées ici pour leur fonction sonore avant tout, il n'y a qu'une section rythmique - formellement - mais il n'y a plus de section rythmique en fait. PGA nous plonge dans les entrailles de la basse acoustique et de la batterie, explore le son de manière plus minimaliste et abstraite. Il y a toujours cette énergie foisonnante, mais elle est engagée ici au profit de timbres, de sons, de textures et de matières. De manière entièrement acoustique et en utilisant peu de techniques étendues et de préparations, le duo de jeunes norvégiens explore les possibilités sonores de leurs instruments, ainsi que la relation qui les lie pour former des matières singulières. Sept pistes pour à peine quarante minutes, au sein desquelles le duo fait appel - à deux reprises - au tromboniste Henrik Munkeby Nørstebø (qui a déjà signé un excellent Solo sur le label creative sources) et au trompettiste Torstein Lavik Larsen. Sur ces deux pistes, de nombreuses techniques étendues par contre, où la matière devient de plus en plus abstraite et singulière grâce aux souffles et aux mécaniques des deux cuivres. Une plongée sonore accessible et singulière, riche et sincère, quelque peu virtuose et poétique - du bon boulot.

[informations & extraits: http://www.vafongool.no/PGA.html]