VA FONGOOL ('fuck you')

ICH BIN N!NTENDO & Mats Gustafsson - s/t (Va Fongool, 2012)

Bon, depuis les années 90, avec Painkiller, Naked City, The Ex, puis Zu et The Thing, on a vu une grande vague de musiciens associer étroitement le punk au free jazz, tout en intégrant progressivement la noise qui se développait parallèlement. Sans Aucun doute, le trio norvégien ICH BIN N!NTENDO se place dans cette tradition. Christian Winther (guitare électrique), Magnus Nergaard (basse électrique) and Joakim Heibø Johansen (batterie) se sont récemment associés pour former ce trio entre noise et musique improvisée instrumentale (pour la guitare électrique saturée), sans oublier l'aspect punk de la section rythmique qui joue aussi bien sur des rythmes binaires énergiques que sur la déconstruction. Un mélange de free jazz et de punk  encore renforcé par la présence d'un des chefs de file de ce "mouvement", le saxophoniste suédois qui a fondé The Thing: Mats Gustafsson.

Une collaboration puissante et énergique, avec un son volontairement criard et crade (mixé par Lasse Marhaug). Une musique qui couine, qui gueule, qui hurle, qui blaste, qui tape, et qui sue. Oslo, 2012? ça ne fait pas rêver. Le quartet nous plonge dans des caves malsaines, où se réunissent des désaxés genre le héros d'Oslo, 31 août. Mais contrairement à ce dernier, les quatre musiciens veulent se battre, lutter, et crier leur rage. L'énergie doit sortir. L'inertie n'est pas à l'ordre du jour. Un seul impératif, une seule contrainte: tout évacuer - haine, colère, rage; mais aussi joie, bonheur - en un seul cri d'une demi-heure intense.

Oui c'est bien le genre de truc qu'on a déjà entendu, qu'on se plaît à écouter dans des squats sordides, ça n'a rien d'original, mais ça marche toujours - parce que c'est honnête, sincère, et toujours aussi puissant.

[informations & extraits: http://www.vafongool.no/ICH_BIN_N!NTENDO.html]

Wolfram - s/t (Va Fongool, 2012)

Wolfram est un trio norvégien composé de trois vieux amis: Halvor Meling au saxophone, Fredrik Luhr Dietrichson à la basse acoustique, et Jan Martin Gismervik à la batterie. Pour ce premier album, ce trio nous propose une musique plus classique que le trio précédent. Du free jazz à l'état pur, avec une traditionnelle formation entièrement acoustique sax/basse/batterie. La section rythmique est souvent décalée, déconstruite, elle joue sur les intensités et les dynamiques sans trop se soucier de pulsation ou de rythmes. Quant au saxophone, un jeu criard et virulent, énergique et intense comme il fait, mais certainement un poil trop monocorde et redondant. Heureusement, il y a cette excellente section rythmique qui est toujours là pour donner du relief et du nerf. Car fondamentalement, la musique de Wolfram est nerveuse, colérique et intense comme un trio d'Albert Ayler sans les thèmes extraits de différentes musiques populaires. Mélodies, thèmes, et rythmiques s'effacent ici au profit d'une nervosité omniprésente et  d'une colère insatiable. Le cri à l'état pur, sans fioritures. Pour les amoureux du free jazz.

[informations & extraits: http://www.vafongool.no/Wolfram_Trio.html]

PGA - Corrections (Va Fongool, 2012)

Composé uniquement par la section rythmique de Wolfram, PGA est un duo qui rassemble donc Fredrik Luhr Dietrichson à la basse acoustique, et Jan Martin Gismervik à la batterie. Corrections, paru sur le même label, est également leur premier disque, et pour un premier, c'est plutôt prometteur. Il ne s'agit plus vraiment de free jazz, basse et batterie sont utilisées ici pour leur fonction sonore avant tout, il n'y a qu'une section rythmique - formellement - mais il n'y a plus de section rythmique en fait. PGA nous plonge dans les entrailles de la basse acoustique et de la batterie, explore le son de manière plus minimaliste et abstraite. Il y a toujours cette énergie foisonnante, mais elle est engagée ici au profit de timbres, de sons, de textures et de matières. De manière entièrement acoustique et en utilisant peu de techniques étendues et de préparations, le duo de jeunes norvégiens explore les possibilités sonores de leurs instruments, ainsi que la relation qui les lie pour former des matières singulières. Sept pistes pour à peine quarante minutes, au sein desquelles le duo fait appel - à deux reprises - au tromboniste Henrik Munkeby Nørstebø (qui a déjà signé un excellent Solo sur le label creative sources) et au trompettiste Torstein Lavik Larsen. Sur ces deux pistes, de nombreuses techniques étendues par contre, où la matière devient de plus en plus abstraite et singulière grâce aux souffles et aux mécaniques des deux cuivres. Une plongée sonore accessible et singulière, riche et sincère, quelque peu virtuose et poétique - du bon boulot.

[informations & extraits: http://www.vafongool.no/PGA.html]