Difficile de présenter les deux bonhommes. Jason Lescalleet est un musicien hors-norme qui navigue sur différents territoires sonores, principalement à partir de manipulations de cassettes et d'enregistreurs cassettes ainsi que diverses préparations d'objets quelque peu archaïques. Quant à Aaron Dilloway, il joue un rôle central sur la scène noise/indus, notamment en tant que membre du duo Wolf Eyes. Leur collaboration, éditée en vinyle par le label allemand PAN, est une descente aux enfers cauchemardesque à base de synthétiseurs analogiques et de bandes magnétiques.
Deux faces, deux pièces, deux angoisses. Ce n'est pas forcément une musique massive, forte et agressive. Les nappes du duo peuvent être calmes et douces. Mais toujours, il y a cet aspect dérangeant, cauchemardesque. Dilloway et Lescalleet créent un monde sonore sombre et terrifiant, où une nymphomane psychopathe semble pouvoir surgir à tout instant pour vous éventrer. Un monde où des nains héroïnomanes surveillent vos faiblesses. Comme un cauchemar récurrent où se mêlent toutes vos phobies et vos angoisses. Un cauchemar qui ne s'arrête pas au réveil, qui pénètre la réalité. Un cauchemar qui transforme la réalité en un phénomène flasque et flou, un phénomène qui ne semble pas plus vrai que vos peurs.
Bien sûr, Dilloway et Lescalleet s'amusent des propriétés psychoacoustiques du son, jouent sur les dissonances ultra-aiguës et les masses de sons graves et lentes. Des drones qui évoluent par variations microscopiques, des rythmes industriels lents, mécaniques et hostiles. Les paysages évoluent peu, lentement. Mais la progression en est d'autant plus flippante, car on connaît le but. Ou on croit le connaître. Un but malsain, qui nous ramène à nos peurs. Une progression vers un fonds cauchemardesque interminable.
Grapes and Snakes est une plongée terrifiante dans un cauchemar psychotique et angoissé. Une plongée qui n'en finit pas de descendre. Une plongée qui ne cesse d'exacerber l'angoisse. Grapes and Snakes fait partie de ces rares disques qui parviennent à déranger même les plus habitués de la noise psychoacoustique, du drone malsain ou de l'indus décalé. Ces deux pièces forment deux descentes dans les tréfonds de l'angoisse, de la psychose halluciné, et du cauchemar névropathe. Un disque sombre, dérangeant, extrêmement puissant et intense de par sa force émotionnelle. Merveilleux? non: cauchemardesque! et c'est pour ça que je le recommande vivement.
Informations et extraits: http://www.pan-act.com/pages/releases/pan30.html