Ernesto Rodrigues, Guilherme Rodrigues, Carlos Santos, Andrew Drury - Eterno Retorno (Creative Sources, 2009)

Eterno Retorno, c'est Ernesto Rodrigues toujours à l'alto, avec son fils Guilherme au violoncelle, le fidèle Carlos Santos à l'électronique, et Andrew Drury aux percussions. Etrange référence à Nietzsche, car pour une fois, la musique de ce quartet est presque pulsée, du fait des percussions d'un côté, mais également de notes répétées frénétiquement aux cordes. Les quatre improvisations qui forment Eterno Retorno sont, contre toute attente, placées sous le signe d'une pulsation sous-jacente et implicite contrairement aux improvisations beaucoup plus texturales auxquelles nous ont habitués ce collectif d'improvisateurs, portugais pour la plupart.

Street Food, la pièce qui ouvre le bal, nous plonge directement dans un territoire agressif et énergique. Cordes et peaux sont frottées avec virulence, quand elles ne sont pas violemment percutées, et Carlos Santos n'hésite pas à en rajouter une couche avec des envolées analogiques intenses. Une improvisation extrêmement énergique, basée sur une intensité constamment soutenue et une atmosphère saturée, une ambiance d'une violence plus proche de la noise que de l'improvisation électroacoustique. Superbe. C'est ensuite que les choses se gâtent, l'espace se fait plus aéré, les interventions sont plus discrètes et plus douces. Il y a une bonne écoute entre les musiciens certes, mais le manque de relief et d'intensité, cette linéarité, produisent plus une sensation de lassitude et d'ennui que de tension. J'ai beau écouté et réécouté ce disque, pas moyen d'accrocher à toutes petites interventions discrètes et délicates qui ne font pas sens. Le dialogue est équilibré et sensé entre les musiciens certes, mais aucune forme ne surgit, l'intensité reste la même, et c'est un sentiment de monotonie qui finit par prendre le dessus.

Globalement, il y a une très bonne homogénéité dans le son de groupe, chacun sait se confondre ou se plonger dans le collectif, et les réponses sont souvent justes. Le problème vient surtout d'une trop grosse linéarité qui paraît avoir du mal à s'assumer. Tout le contraire de cette première pièce incroyable, cette pièce puissante et pleine de relief, qui ne laisse pas présager cette suite décevante. Ceci-dit, il y a tout de même quelques moments de tensions réussis (notamment sur la troisième pièce: Adamant Distances), où l'intensité est assez soutenue par rapport au reste des improvisations, mais la plupart du temps, c'est quand même une trop grande linéarité qui règne. Un disque auquel je suis assez indifférent... très mitigé.

Tracklist: 1-Street Food / 2- Good Dog, Cookie / 3-Adamant Distances / 4-Many Happy Returns