[insubordinations]

Quiexas - Eye of Newt (insubordinations, 2013)

Quiexas est un trio qu'on avait déjà pu rencontrer sous le nom de diatribes & Abdul Moimême (voir ici). Il s'agit donc du guitariste portugais en compagnie de Cyril Bondi (grosse caisse et objets) et de d'incise (ordinateur & objets). Les trois musiciens nous proposent ici une musique calme et atmosphérique, où les sources instrumentales, acoustiques, électroniques et électriques se mélangent au profit d'une masse légère et homogène. Quiexas joue sur la longueur, sur de longs larsens sereins accompagnés de peaux délicatement frottées et de cordes inlassablement et délicatement  triturées par des barres en métal. On a du mal la plupart du temps à déterminer les sources sonores, si elles sont instrumentales ou s'il s'agit d'objet, si elles sont amplifiées, électroniques ou acoustiques. Tout se fond en une atmosphère singulière, une atmosphère granuleuse et industrielle, souvent minimaliste à tendance réductionniste, qui s'étire longuement et accumule les répétitions. Il y a une sorte d'ombre, de résonance ou de spectre qui plane au-dessus de chaque note, une ombre qui rend l'atmosphère du trio quelque peu fantomatique et fantastique même si ce dernier présente sa musique comme une "présence matérialisée". Une très belle suite de trois pièces singulières en tout cas, avec une ambiance électro-industrielle forte et prononcée, tout en se maintenant dans des formes réduites et pleines de prestance.

[présentation, informations, extrait et téléchargement gratuit: http://www.insubordinations.net/releasescd09.html]

Abdul Moimême - Mekhaanu - La forêt des mécanismes sauvages (insubordinations, 2013)

Avec un titre comme ça, digne d'un fan de Magma et amateur de zeuhl, on pourrait s'attendre à un énième disque de RIO ou à un hommage à Coltrane. Mais il n'en est rien. Avec ce deuxième solo, Abdul Moimême continue d'explorer la même installation de guitare qu'il utilise depuis maintenant quelques années. Deux guitares électriques, munies d'un ampli et d'un pré-ampli, sur lesquelles sont installés différents objets, la plupart du temps métalliques. Les cordes sont ainsi mises en résonances par différents résidus mécaniques et industriels, et un aspect irrémédiablement industriel surgit de ces improvisations où une large place est accordée aux résonances de manière générale. C'est bien ce son métallique, et ces résonances interminables, qui sont autant de rappels à un univers industriel et manufacturier. Mais si ces pièces rappellent des usines, ce sont des usines désaffectées, vidées de leur substance et de la présence humaine. Car l'univers d'Abdul Moimême est tout de même assez abstrait et glisse le long d'une temporalité assez lente et étirée. D'où, une fois que l'on pénètre dans le son en tant que tel et au-delà de ces références, la possibilité sonore d'évoquer une multitude de paysages. Des paysages fantomatiques et abrasifs, abstraits et résiduels, nuageux et ombragés, ou lumineux et spectraux. Tout dépend de l'humeur et de la pièce écoutée. Un travail sur le son personnel et intéressant, qui s'inspire des préparations de Keith Rowe tout en utilisant l'intensité et la persévérance du drone ou du sludge, avec une utilisation inventive et réduite des guitares, des préparations, des dispositifs et de l'installation sonore.

[présentation, informations, extrait & téléchargement gratuit: http://www.insubordinations.net/releasescd08.html]

Insub Meta Orchestra - Archive #2 (insubordinations, 2012)

Sept mois après une première publication sur le même label, l'IMO revient avec deux pièces d'environ vingt minutes chacune. On retrouve de nombreux musiciens présents lors de la première session, d'incise et Cyril Bondi bien sûr, mais aussi Bertrand Gauguet, Christian Müller, Christoph Schiller, Dragos Tara, Hans Koch, Jacques Demierre, Rodolphe Loubatière, Sébastien Branche, Yann Leguay, et de nombreux autres... Et à vrai dire, peu importe qui joue, car toutes les personnalités s'effacent sous la direction de Bondi et de d'incise... Notamment lors de la première pièce présentée ici, un long drone composé de notes étirées au maximum, de longues fréquences qui s'ajoutent les unes aux autres pour former une grande masse sonore qui évolue et grossit très progressivement jusqu'à ce qu'elle s'évanouisse dans le silence. Une pièce très belle, homogène, où la masse s'enrichit de manière minimaliste et presque insensiblement. Quant à la seconde et dernière pièce, il s'agit d'une succession de blocs sonores qui trouvent leur cohésion dans le timbre et les instruments. Tout commence avec des frottements de cordes principalement, mais aussi d'objets et de sons abstraits par exemple, puis, petit à petit, on arrive à une magnifique strate composée de souffles mis en résonances par les instruments à vent, des souffles forts et puissants. Puis on glisse lentement vers un autre bloc composé de fréquences et de hauteurs plutôt basses, et ainsi de suite.  L'IMO se dirige apparemment vers une forme d'improvisation de plus en plus contraignante, mais aussi et surtout de plus en plus cohérente et limpide, et trouve ainsi une intensité et une puissance rares pour un si gros orchestre. Hâte d'entendre leurs prochains travaux.

[présentation, informations, extrait & téléchargement gratuit: http://www.insubordinations.net/releases40.html]