DANIEL MENCHE & ANLA COURTIS - yagua ovy (MIE, 2011) |
Comme la plupart des disques de Daniel Menche, yagua ovy est extrêmement structuré et cohérent, dans la mesure aussi où les deux faces se répondent de manière symétrique. Si on peut distinguer la poudreuse et le craquement de la neige au début, ainsi que quelques cordes épurées qui imitent un loup, la pièce dérive ensuite lentement, progressivement et surement vers une masse sonore de plus en plus dense, abstraite et saturée. Cette première face semble mettre en scène tout un processus de construction sonore et d'abstraction. Un crescendo intense où les sources, les repères et l'imaginaire qui leur est lié, sont vite recouverts par le magma sonore final, un magma dense et intense qui agit avec force sur les émotions.
De manière similaire, l'élément principal de la seconde pièce semble être le procès même de construction sonore. Comment, à partir de tels matériaux (une guitare et des cailloux ici), parvenir à construire une masse sonore qui ne laisse pas l'auditeur indemne, mais sans l'agresser ? Car Daniel Menche et Anla Courtis savent où ils vont, et nous y emmènent aussi doucement que surement. La prise d'assaut n'en est que plus forte : on assiste progressivement à la destruction, par la saturation et l'abstraction, du matériau initial, sans ne rien pouvoir faire, et tout en s'en délectant lâchement.
On se délecte de ce procès car le phénomène de destruction est avant tout la construction d'un monde sonore dense, puissant, massif (comme sait si bien le faire Daniel Menche) et personnel. Un monde dur, fort, envoûtant et cohérent, qui attise les émotions. Recommandé.