Insub Meta Orchestra - archive #1 (Insubordinations, 2012)
Après deux de recherches et de travaux communs, l'IMO publie sa première série de pièce. Un orchestre impressionnant par sa taille, qui réunie ici quarante musiciens (il y en a toujours aux alentours d'une trentaine apparemment). Je ne ferai donc pas le détail des artistes présents, et ne citerai que les plus connus: Christian Müller (clarinette contrebasse), Christoph Schiller (épinette), Cyril Bondi (percussions), d'incise (objets), Dragos Tara (contrebasse), Jonas Kocher (accordéon), Marcel Chagrin (guitare électrique), Phonotopy (raquette de tennis...), Raphaël Ortis (basse électrique). Beaucoup de musiciens suisses et de proches du très prolifique netlabel Insubordinations. On trouve également toutes sortes d'instruments classiques et électroniques comme des trombones, saxophones, violoncelles, ordinateurs, theremin, voix, trompettes, etc.
Après l'expérience traumatisante de Luna Surface, je dois dire que dorénavant, j'appréhende vraiment chaque orchestre de musique improvisée. Et pourtant, avec l'IMO, il n'y a aucun raison de s'inquiéter, les improvisations sont dirigées, et dirigées de manière à mettre en avant différentes notions d'espace. La musique de cet orchestre peut être très étonnamment calme, voire silencieuse parfois, lorsqu'elle est axée sur des textures soufflées, instables et calmes. Bien sûr, elle peut aussi prendre du volume, gonfler sa présence en produisant de gigantesques nappes électroacoustiques lisses et oppressantes. En tout cas, la notion d'espace paraît très importante pour la direction des improvisations (que l'on doit à Christoph Schiller, Christophe Berthet, d'incise, Rodolphe Loubatière, et Patricia Bosshard). Des espaces aérés, saturés, tendus, clairs, obscurs, profonds, forts, calmes, fracturés, lisses. Des directions opposées et toujours surprenantes, l'IMO parvient à produire différents espaces sonores parfois contradictoires ou opposés et à aborder des directions variés avec facilité et familiarité.
Car cette suite de six pièces, dont la dernière est collectivement improvisée, met en scène des espaces sensiblement variés, il ne s'agit pas de mettre en avant une spontanéité collective mais plutôt de se concentrer dans une direction précise. Et chaque direction, chaque création d'espace sonore, est abordée avec dévouement, inventivité et sensibilité. De par sa taille, l'IMO peut puiser dans une multitude de possibilités à travers l'utilisation de différents instruments, mais également à travers de multiples configurations et des directions variées, et l'orchestre ne s'en prive pas. Tour à tour réductionnistes, minimales, orchestrales, linéaires, ou déconstruites, ces pièces de l'IMO naviguent avec une aisance déconcertante à travers une multitude d'univers musicaux, et mettent ainsi à jour quelques unes seulement de leurs possibilités. Seulement, des possibles et des possibilités, il en reste. Et on en redemande.
Comme d'habitude le disque est disponible matériellement moyennant une contribution monétaire ou immatériellement moyennant quelques octets de bande passante: http://www.insubordinations.net/releasescd04.html
Cyril Bondi/Phonotopy - Komatsu (Insubordinations, 2012)
Deux musiciens très actifs au sein de la scène improvisée suisse (dans tous les domaines, que ce soient les performances, organisations, productions). Cyril Bondi, membre fondateur de l'IMO et très actif dans le label Insubordinations, aux percussion et objets; Phonotopy (Yann Leguay) aux disques durs. Une collaboration que j'aime beaucoup pour un duo qui navigue entre le drone et l'ambient improvisé.
Le duo suisse nous offre une unique pièce d'une demi-heure, linéaire et narrative. Linéaire car il s'agit d'une longue nappe, avec son soubassement grave à l'électronique, et des peaux de tom frottés de manière continue. Des interventions électroniques discrètes et noyées viennent aussi régulièrement parasiter la pièce. Un long continuum très évolutif cependant, car le son se déplace insensiblement vers de nouvelles strates, et le dialogue se décale imperceptiblement. Une pièce assez statique sans l'être en somme. Il y a bien un bourdon électronique incessant, un long drone immuable qui ne faiblit doucement que lors des dix dernières minutes. Mais à côté, ou par-dessus, le dialogue entre l'électronique et le tom frotté ne cesse d'évoluer et d'explorer des territoires nouveaux sans jamais quitter l'univers du drone fondamental.
Un discours électroacoustique profond, qui explore un bourdon envoutant, et ne cesse d'inventer des nouveaux termes au dialogue engagé sans jamais être en rupture ou en discontinuité avec le drone abyssal qui sous-tend perpétuellement ce dialogue. Abyssal, inventif et absorbant, telles sont certainement les principales qualités de ce drone improvisé. Recommandé.
Également disponible en téléchargement gratuit pour les prolétaires et en disque pour les fétichistes à cette adresse: http://www.insubordinations.net/releasescd06.html