EVAN PARKER/BARRY GUY/PAUL LYTTON - Live at Maya Recordings Festival (NoBusiness, 2013) |
On a déjà tout dit et tout écrit je pense sur ce trio et sur leur musique. Car depuis trente ans, leur musique n'a pas changé, mais étonnamment, elle n'a pas non plus pris une ride. Ici encore, sur les quatre improvisations enregistrées, une même musique fondée sur la singularité indépassable des voix, sur une interaction incroyable, ni homogène, ni hiérarchisée. La musique du trio Parker/Guy/Lytton est le développement perpétuel d'une même idée. Une idée explorée depuis trente ans et fondée avant tout sur le talent, l'énergie et la singularité de chacun des musiciens, autant d'éléments qui maintiennent en permanence la vie de cette formation.
Car trente ans après, Evan Parker, Barry Guy et Paul Lytton jouent toujours avec la même énergie, ils jouent encore avec une prolixité inouïe et une puissance renversante. Encore et toujours cette maîtrise parfaite du flux sonore, une maîtrise des variations de volume et de puissance gérée avec une tension toujours égale, une tension qui forme la cohérence du long flux de ce trio. Un flux qui dure ici une bonne heure, mais qui paraît parfois hors du temps, qui semble avoir commencé en des temps immémoriaux (en 1983 en fait) et dont la fin paraît improbable.
Des fois, j'ai l'impression que c'est l'absence de renouvellement qui fait la richesse de ce trio, un peu comme Coltrane répétant quotidiennement et inlassablement My Favorite Things. Le trio semble figée dans une certaine immobilité, mais une immobilité en perpétuel devenir, une immobilité sans fin, un flux musical et interactif incessant. Et toute l'énergie du trio semble concentrée dans cette fixité, comme s'il sculptait un marbre infini, un matériau qui n'est rien d'autre que la rencontre de ces trois voix.
[informations & extrait: http://nobusinessrecords.com/NBLP60-61.php]
QUAT QUARTET - Live at Hasselt (NoBusiness, 2013) |
Il s'agit ici de l'enregistrement live de quatre improvisations libres à l'instrumentation assez originale, puisqu'on peut compter deux percussionnistes, une vibraphoniste, et un pianiste (plus un peu d'accordéon). Si tous les instruments (hormis l'accordéon) de ce quartet peuvent avoir une fonction rythmique et/ou percussive, il ne s'agit pas pour autant d'improvisations très marquées par le rythme. Il s'agit également (comme pour le trio Parker/Guy/Lytton) d'un long flux ininterrompu où les voix s'assemblent sans se confondre. Des improvisations collectives non-idiomatiques assez typiques, qui manquent de tension et lassent assez vite je trouve. L'égalité des voix et des instruments, ainsi que l'absence de hiérarchie, forment ici une musique un peu trop monotone, toujours virtuose et prolixe, mais jamais très vivante. C'est toujours impressionnant de talent et de rapidité, une grande énergie est présente, mais le quartet ne semble pas vraiment maitriser les tensions, et la suite est un peu trop homogène et attendue. Un peu trop convenue à mon goût, et trop marquée par "l'esthétique non-idiomatique", la musique de ce quartet m'a vraiment semblé manquer de personnalité.
[informations & extraits: http://nobusinessrecords.com/NBCD54.php]