JASON YARDE/OLI HAYHURST/EDDIE PRÉVOST - All Together (Matchless, 2012) |
Pour ce troisième volume de la série Meetings with Remarkable Saxophonists, Eddie Prévost a invité Jason Yarde (saxophones alto et soprano) et Oli Hayhurst (contrebasse), que je n'avais auparavant jamais entendu. Après les saxophonistes Evan Parker et John Butcher, c'est plutôt étonnant de trouver ici deux musiciens aussi proche du free jazz, voire du jazz. Autre suprise, Prévost lui-même délaisse son archet pour retrouver ses baguettes, et joue ici de la batterie - contexte oblige.
Il n'est donc pas question de recherches formelles et abstraites sur le son, la texture, l'espace ou le temps ici. Pas uniquement en tout cas. Avant tout, il s'agit de jazz. On a bien une section rythmique d'accompagnement (basse/batterie) - même si la hiérarchie disparaît souvent au cours des ces deux improvisations, et une voix soliste haute en couleur, en mélodie, en phrasés ternaires et émotifs. Cette voix est d'ailleurs la plus remarquable : Jason Yarde, aux saxophones soprano et alto, possède une force émotive comme on en entend rarement, une force basée sur un jeu d'attaques et de placements rythmiques toujours intelligents et opportuns. Ce saxophoniste est un vrai saxophoniste de jazz, et ça fait du bien. Surtout que pour ma part, j'ai toujours beaucoup aimé Prévost dans les contextes les plus jazz, lorsqu'il lâche ses archets pour blaster. Et ici, le blast est omniprésent, la plupart du temps, le trio joue fort et rapidement, ils suivent une longue ligne dynamique qu'ils ne lâchent jamais, à l'image des vieilles improvisations de free. Et ça aussi ça fait du bien, de quitter la contemplation pour l'urgence sans la spontanéité.
Un excellent disque de free qui renoue avec la mélodie, avec les phrasés du jazz, avec la hiérarchie. Mais un renouement qui se fait avec intelligence, car le trio se base aussi sur une interaction intime, sur un sens de l'énergie et la puissance partagé, sur une écoute très attentive, et sur un équilibre entre les dynamiques. Très agréable.
Dernier volume de la série Meetings with Remarkable Saxophonists, All-in-All est toujours un trio sax/basse/batterie avec John Edwards (déjà présent sur le premier volume aux côtés d'Evan Parker), le saxophoniste français Bertrand Denzler (au ténor), et l'initiateur de ces rencontres : Eddie Prévost.
La session est divisée en deux parties dominées par des esthétiques différentes. Une première partie proche de l'improvisation libre européenne, axée sur des explorations sonores, globalement assez calme, avec du silence, des techniques étendues et de la spontanéité. Une sorte de questions-réponses assez abstraites, qui m'auraient peut-être ennuyé si elles avaient duré une heure, même si certains moments sont très forts et réussis. Heureusement, il y a cette deuxième partie où Denzler n'hésite pas à monter et descendre des modes et leurs arpèges. Une deuxième partie plus proche du free jazz qui détonne surtout pour sa section rythmique. Car ici encore, Prévost joue de la batterie, au sens traditionnel (sans archet autrement dit), et avec John Edwards, ils ne cessent de relancer la machine, de revenir à la charge, de redonner l'assaut et de monter en puissance. Une section omniprésente qui structure toute l'énergie dans une interaction qui respire la stimulation. Edwards et Prévost étonnent à chaque minute, ils paraissent en ébullition et ne cessent de se renouveler ou de "s'inventer eux-mêmes".
J'aime beaucoup Bertrand Denzler, mais ici, j'avoue avoir été surtout surpris, submergé et convaincu au final par la créativité, l'écoute et la cohésion de la section rythmique avant tout. Après, le trio "fonctionne" aussi et beaucoup de joie, d'émulation, d'énergie et même parfois d'humour règnent durant cette heure. Pas mal en somme.
BERTRAD DENZLER/JOHN EDWARDS/EDDIE PRÉVOT - All-in-All (Matchless, 2013) |
La session est divisée en deux parties dominées par des esthétiques différentes. Une première partie proche de l'improvisation libre européenne, axée sur des explorations sonores, globalement assez calme, avec du silence, des techniques étendues et de la spontanéité. Une sorte de questions-réponses assez abstraites, qui m'auraient peut-être ennuyé si elles avaient duré une heure, même si certains moments sont très forts et réussis. Heureusement, il y a cette deuxième partie où Denzler n'hésite pas à monter et descendre des modes et leurs arpèges. Une deuxième partie plus proche du free jazz qui détonne surtout pour sa section rythmique. Car ici encore, Prévost joue de la batterie, au sens traditionnel (sans archet autrement dit), et avec John Edwards, ils ne cessent de relancer la machine, de revenir à la charge, de redonner l'assaut et de monter en puissance. Une section omniprésente qui structure toute l'énergie dans une interaction qui respire la stimulation. Edwards et Prévost étonnent à chaque minute, ils paraissent en ébullition et ne cessent de se renouveler ou de "s'inventer eux-mêmes".
J'aime beaucoup Bertrand Denzler, mais ici, j'avoue avoir été surtout surpris, submergé et convaincu au final par la créativité, l'écoute et la cohésion de la section rythmique avant tout. Après, le trio "fonctionne" aussi et beaucoup de joie, d'émulation, d'énergie et même parfois d'humour règnent durant cette heure. Pas mal en somme.