LOUP - The Opening (Gaffer, 2012)

Clément Édouard au saxophone plus électronique, Sheik Anorak à la batterie plus électronique, LOUP est un duo français originaire de Lyon. Un duo puissant, fort et intense. Un duo de "jazz/art contemporain" comme le batteur le qualifie. A la croisée de la noise, des musiques expérimentales et minimales, et du free jazz. Deux horizons se sont croisés lors d'un concert, un duo plutôt fort en a émergé. Un dialogue qui nous rappelle le bon vieux jazzcore des années 90 et 2000 avec les désormais cultes Zu, Naked City, et les premiers Painkiller. Sauf que la musique a fait son chemin, a intégré de plus en plus de musiques savantes et écrites par le biais de Phill Niblock, des nouvelles musiques électroniques, des mélanges incessants d'écriture et d'improvisation qu'on retrouve dans Wandelweiser comme dans les orchestres de sound-painting. C'est tous ces horizons qui se retrouvent dans The Opening, un recueil de 10 improvisations plutôt courtes mais intenses. Dix improvisations fortes, déstructurées, intenses et fraîches. Je ne sais pas quel âge ont ces deux musiciens, mais ils paraissent jeunes, ça déborde et transpire d'énergie, de fureur, mais aussi de créativité et d'inventivité durant ces dix pièces qui sont aussi jazz que rock, aussi noise que drone, aussi minimales que binaires, devant ces dix pièces où une multitude d'esthétiques se croisent pour former un projet vraiment puissant et énergique. Ce n'est pas exceptionnellement original par rapport à certains prédécesseurs plus ou moins vieux comme Zu ou The Thing, mais il y a une énergie fraîche et puissante présente dans LOUP, qui pouvait parfois faire défaut aux groupes précités. Peut-être que je les aime par excès de patriotisme, mais en tout cas je les recommande à tous, amateurs d'improvisations libres, de noise, et de musiques expérimentales en général. Car LOUP sait puiser dans les esthétiques sans récupérer les défauts, il n'y a ni l'absence formelle de structure propre à l'improvisation libre, ni la monotonie de la déconstruction systématique et des  cris propres au jazzcore, mais il y a tout de même la créativité du premier et l'énergie du second. Très bon.

(Si ce disque a été publié par le label Gaffer, on peut tout de même en retrouver l'intégralité en téléchargement libre sur les archives d'Audition Records qui l'avait déjà publié au mois de janvier: http://www.auditionrecords.com/ar060.php)