Dale Gorfinkel & Heddy Boubaker - out ear/in head (autoproduit, 2012)
Voilà quelques temps que je ne vous avais pas parlé d'Heddy Boubaker, un musicien français que j'apprécie pourtant beaucoup. Comme certains d'entre vous le savent certainement déjà, ce dernier a remplacé ses saxophones par la basse électrique et les synthétiseurs modulaires depuis maintenant presque deux ans. Il est donc temps de ss'intéresser à ses nouvelles pratiques.
Sur out ear/in head, Heddy Boubaker (au synthétiseur modulaire analogique) est accompagné par Dale Gorfinkel (trompette préparée et sculpture sonore) - un musicien australien que j'avais déjà énormément aimé dans le West Head Project. De l'improvisation libre en trois opus donc, improvisations basées sur des textures abrasives et simples où les instruments parviennent de manière presque magique à s'entremêler de manière indistincte - et cela contre toute attente. Un jeu de textures longues, étirées et lisses, plus minimalistes qu'auparavant (pour Heddy Boubaker en tout cas). Heddy Boubaker et Dale Gorfinkel ne misent pas sur la richesse et la densité des timbres et du son, mais plutôt sur une intensité et une puissance provenant d'une interaction symbiotique. Car la connexion entre les deux musiciens est profonde et il s'ensuit une musique organique où chacun est fonction du son, du dialogue, du tout. Un dialogue global et interactif où Dale Gorfinkel ne cesse de surprendre par son inventivité, et Heddy Boubaker par sa réactivité.
On peut le dire, il s'agit bien là d'improvisations libres réussies, riches en couleurs et en textures, où réactivité, interaction, sensibilité et créativité battent leur plein pour une musique organique et abstraite, dense et riche, mais claire pour de l'improvisation aux accents bruitistes.
(out ear/in head n'a pas été édité à proprement parlé et est disponible en écoute et en téléchargement gratuit sur bandcamp, à cette adresse: http://heddyboubaker.bandcamp.com/album/out-ear-in-head)
Heddy Boubaker - x (amp,2012)
Avec ce solo, c'est un des tournants les plus brusques qu'Heddy Boubaker ait pris. Tout d'abord, il ne s'agit plus du même instrument (synthétiseur modulaire analogique à la place des saxophones alto et basse). Mais surtout, l'improvisation laisse une grande place à la composition (Heddy Boubaker lui-même parle de "comprovisation"). Car toutes ces pièces sont clairement structurées en une superposition de strates sonores et de boucles qui perdurent, s'enchevêtrent ou se succèdent. Là aussi, les textures sont générées par un synthétiseur analogique, elles sont riches tout en étant claires, assez simples dans une couleur qui pourra faire penser aux premières expérimentations de Pauline Oliveros sur ce même instrument. Cinq pièces assez faciles d'écoute donc, où les boucles produisent souvent une pulsation envoutante et absorbante. Les structures jouent sur les reliefs et les intensités, mais également sur l'opposition tension/résolution qui parvient également à tenir l'auditeur en haleine. On peut tout aussi bien ressentir un manque de maturité et d'originalité (par rapport à l'utilisation de cet instrument) qu'un travail de recherche et une forme de joie (de la découverte du synthé) qui ne sont pas sans rendre ces pièces agréables, drôles, voire intenses quand elles se rapprochent le plus de la noise, avec ses textures puissantes, riches et corrosives.
informations, écoute & téléchargement (gratuit toujours): http://www.amp-recs.com/amp/amp119.html