Tim Olive/Alfredo Costa Monteiro – 33 bays (845 Audio, 2012)
Premier enregistrement du label
japonais 845 Audio, 33 bays réunit
deux pièces enregistrées en studio à l’occasion d’une tournée japonaise de Tim
Olive (où il réside désormais) et d’Alfredo Costa Monteiro. Le premier utilise
une guitare électrique à une corde, et le second un dispositif d’objets
électro-acoustiques. Le même dispositif peut-être que celui utilisé sur le
dernier enregistrement du duo Cremaster (en compagnie de Ferran Fages), car les
textures explorées tout au long de ces deux pièces y ressemblent étrangement.
Tim Olive et ACM sculptent la matière sonore dans son vif, le métal transformé
en électricité résonne dans l’espace neutre du studio, les cordes deviennent
percussions industrielles, les imperfections électriques et électroniques se
métamorphosent en matière sonore à composer et à structurer, en matière de
sculpture. Des textures variées, qui peuvent être très fortes, calmes, contemplatives,
granuleuses, lisses, planes, profondes, en dents de scie. Graduellement et
progressivement, on passe d’une matière sonore à une autre sans rupture, on
passe d’une intensité et d’une densité à une autre de manière linéaire. Il ne
faut rien brusquer, mais le son est en mouvement constant selon une structure
narrative qui lui est propre. Comme si le son racontait son histoire de manière
autonome.
33
bays est un album aux textures abrasives souvent, un album sombre qui ne
rigole pas et raconte une histoire crue. Mais c’est surtout la facilité avec
laquelle on passe d’une texture à une autre, la manière lisse et respectueuse
de passer d’une couleur à une autre, qui m’ont le plus émerveillé. Deux pièces
hautes en reliefs, qui tiennent l’auditeur en haleine grâce à son aspect
narratif tout en utilisant des sonorités extrêmement abstraites. Deux pièces où
chaque idée est explorée le temps qu’il faut, où on prend le temps de
s’immerger dans le son, de l’explorer en profondeur dans toute son intimité. A
nouveau, ACM révèle son génie et sa sensibilité à sculpter la matière sonore,
et cette collaboration avec Tim Olive ne fait qu’enrichir les possibilités
sonores à explorer et la matière sonore à construire. On ne peut que souhaiter
une suite à cette collaboration.
(je n'ai pas encore pris le temps de l'écouter, mais un premier enregistrement de ce duo avait déjà été publié en version digitale gratuite à cette adresse: http://zeromoon.com/releases/alfredo-costa-monteiro-tim-olive-a-theory-of-possible-utterance-zero125/ )
Kikuchi Yukinori + Tim Olive – base material (TestToneMusic, 2012)
Deuxième enregistrement du duo
Kikuchi Yukinori/Tim Olive, base material
regroupe huit pièces assez courtes pour un total d’environ trente minutes de
musique. La musique de ce duo semble s’intéresser principalement aux ambiances,
et chacune des pièces forme huit univers électroacoustiques divers. A l’aide de
micro-contacts de guitare électrique, d’électronique analogique et
d’ordinateurs, le duo produit des univers sonores sombres et ambient, souvent
linéaires et proches de certaines formes de drone. Il y a quelque trouvailles
ou ambiances réussies ou intéressantes, mais dans l’ensemble, les pièces sont
trop courtes et pas assez explorées pour se faire une idée précise de la
musique proposée. Ce n’est pas mauvais, mais les idées ne sont malheureusement
pas assez développées pour laisser le temps aux auditeurs de s’immerger dans les
univers sonores produits tout au long de ces huit morceaux. Même si j’ai pas
mal apprécié les couleurs et les univers proposés – assez originaux et
singuliers pour la plupart -, le manque de développement enlève tout de même
toute l’intensité de ces univers qui paraissent alors manquer de profondeur.
(quelques pistes sont en écoute ici: http://testtonemusic.bandcamp.com/album/base-material-digest)