TOSHIMARU NAKAMURA & MANUEL MOTA - Foz (Dromos, 2013) |
En écoutant ce duo de guitares, il paraît difficile de ne pas penser à l'album désormais culte de Sugimoto, son solo Opposite qui est peut-être un des albums les plus influents des nouvelles musiques improvisées. Mota et Nakamura improvisent avec le même mode de jeu aéré et espacé qui dilate et étire la durée. Des lignes mélodiques où tous les paramètres du son (hauteur, intensité, timbre et durée) deviennent aussi important que le silence qui sépare chaque note. Les deux improvisations proposées ici sont plus tendues et agressives néanmoins, Mota utilise pas mal la proximité et la physicalité des micro-contacts tandis que Nakamura explore les retours et les larsens (son expérience de la table de mixage sans sortie oblige). C'est aride et abstrait souvent, mais aussi mélodique et chaleureux. Une belle expérience improvisée teintée de minimalisme et de noise pour deux improvisations entre mélodies bruitistes et improvisations réactives et silencieuses. Un duo qui oscille souvent entre l'exploration sonique et la mélodie dissonante et minimaliste, mais aussi entre le silence, le bruit et l'harmonie.
[informations, présentation & extraits: http://www.dromosrecords.com/album.php?id=90]
KAPLAN/KURZMANN/CARRASCO - Casa Corp (Dromos, 2012) |
Sur cet enregistrement, le trio propose une unique session improvisée d'une trentaine de minutes. La pièce débute avec un silence d'environ trois minutes, suivi du souffle des vents et d'un refrain d'une chanson gauchiste interprétée par Kurzmann évidemment, et la conclusion du disque est symétrique. Cette ébauche de structure est un peu formelle et convenue, la plus intéressant se trouve plutôt entre cette introduction et cette conclusion à mon avis. Comme sur leur premier disque, c'est toujours la sensibilité et la créativité du trompettiste Leonel Kaplan qui retiennent le plus mon attention. Ceci-dit, l'interaction entre les techniques étendues abstraites de la trompette, le minimalisme discret de Carrasco et les boucles numériques de Kurzmann valent largement le coup d'oreille. On est constamment balloté entre la musique populaire, l'expérimentation réductionniste et l'improvisation réactive. Les musiciens sont très attentifs les uns aux autres, mélangent les sources et distinguent leur voix au gré des humeurs, tout en proposant une musique singulière et sensible. C'est calme, sensible, poétique et créatif, une belle session en somme.
[informations, présentation & extraits: http://www.dromosrecords.com/album.php?id=92]