FRANTZ LORIOT & CYPRIEN BUSOLINI - violatwoviola (Creative Sources, 2011) |
Sur la première, les deux musiciens semblent imiter une sorte de vièle et propose une espèce de bourdon dissonant et plutôt agressif. Une pièce pleine d'énergie, intense et puissante, où les deux archets frottent rapidement et violemment les cordes jusqu'au râle de celles-ci, deux archets qui se confondent en une unique masse sonore. Une pièce répétitive qui se construit et se déconstruit progressivement, très réussie pour ses aspects envoutants, tendus et puissants. Fort contraste donc avec l'improvisation suivante, qui se joue sur les micro-détails, les ruptures et les silences, et où les deux voix ont plutôt tendances à se distinguer. L'une est faite d'harmoniques continues et l'autre de techniques étendues (frottement du chevalet, avec le bois de l'archet, etc.). Beaucoup plus minimaliste et abstraite, mais formant un long crescendo qui aboutit à un climax surprenant, cette pièce parvient à conserver la même tension que la première. Et enfin, la dernière, évolue de manière poétique et rythmique, par strophes de sons de plus en plus massifs, des strophes de plus en plus intenses et puissantes et construites selon un crescendo comme la précédente avec juste moins de silence. Le dialogue est toujours très serré entre les deux musiciens, même si les voix se distinguent toujours, au niveau des couleurs mais non de l'intensité toujours très haute chez les deux.
Trois excellentes improvisations, riches, virtuoses, et puissantes où les cordes s'emmêlent littéralement pour former une masse souvent abrasive et puissante et des narrations tendues et inéluctables. Très bon travail.
BOBUN - Suite pour machines à mèche (Creative Sources, 2012) |
Bobun est le nom d'un autre duo de cordes avec Frantz
Loriot toujours, au violon alto (et objets), et Hugues Vincent au violoncelle
(avec objets également). Les deux musiciens proposent une suite de six pièces
très variées, des pièces improvisées mais qui semblent suivre des idées ou des
structures préétablies. On passe du bourdon lancinant en guise d’ouverture à
l’exploration sonique des cordes et l’expérimentation des techniques étendues,
pour finir avec une pièce composée à partir d’une mélodie un peu sautillante.
Différentes formes de dialogue et d’interaction sont également proposées
suivant les pièces, qui vont de la confusion et de l’entremêlement total une
distinction ou une hiérarchie des voix. Outre la magnifique pièce qui ouvre ce
disque avec un bourdon très profond et puissant, l’attention aux couleurs,
abstraites ou non, au son en général et à sa profusion dans l’espace ont pas
mal retenu mon attention. Un bon disque proche de l’improvisation libre mais
qui sait aussi prendre ses libertés vis-à-vis des canons de ce
« genre », notamment dans sa recherche de formes et de structures
singulières.