GUIONNET/LA CASA/SAMARTZIS - stray shafts of sunlight (Swarming, 2013) |
Confrontation entre l'électronique live, les prises de son ou field-recordings, et l'instrument, mais aussi entre la composition et l'improvisation. Car le trio semble investir un espace interstitiel en quelque sorte entre l'improvisation et la composition, un espace où le lieu et les prises de son servent de partition et de grille aux interventions électroniques et instrumentales. Ces dernières sont souvent simples et minimales, un souffle, un slap, une note, une sinusoïde. Mais la simplicité n'enlève rien à l'intensité, car les deux musiciens, en prenant bien note de l'espace sonore dans lequel ils s'inscrivent, font également attention à n'intervenir qu'au moment opportun. Par rupture ou par continuité, les éléments instrumentaux et électroniques s'insèrent brusquement ou subrepticement dans l'espace sculpté par Eric La Casa et les lieux d'enregistrements. On ne sait jamais trop qui remplit quelle fonction, si les interventions prochaines se feront par continuité ou rupture, si on a affaire à du son live ou préenregistré, ce qui est établi et fixe et ce qui relève de la performance et de l'improvisation, ce qui relève des conditions objectives de représentations et de la volonté des trois musiciens. Les trois musiciens semblent explorer en somme les limites de la subjectivité et de la volonté dans un environnement qui détermine en grande partie le geste musical.
Et le plus intéressant, c'est qu'ils ne se situent pas dans une recherche qui fétichise l'objectivité et le déterminisme, ou la subjectivité et la spontanéité, mais dans une recherche sur les limites de ce dualisme présent dans toutes formes de musique, mais dont la plupart des musiciens oublient souvent les limites. Un superbe dialogue entre le matérialisme et le subjectivisme, où les deux parties se construisent l'une l'autre, où les interventions musicales sculptent le matériel préenregistré et où ce dernier détermine les éléments instrumentaux et électroniques. Recommandé.