Joëlle Léandre & Pascal Contet - 3

JOELLE LEANDRE & PASCAL CONTET - 3 (Ayler, 2014)
Célèbre dans le monde de l'improvisation libre et du free jazz français comme un des principauix accordéonistes, Pascal Contet revient aujourd'hui avec une de ses plus fidèles collaboratrices, la contrebassiste Joëlle Léandre qui n'a pas besoin d'être présentée. Comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas un grand fan de cette dernière, mais il y a de ces collaborations où tout marche très bien, où les langages semblent faits pour s'entendre, pour s'accompagner et s'unir. C'est ce que je pense de son excellente publication aux côtés de Braxton par exemple, un disque qui m'avait beaucoup marqué, mais apparemment, il en est également de même pour son travail en compagnie de Pascal Contet.

Enregistré en avril 2012 au Carré Bleu à Poitiers, scène de jazz et musiques improvisées française, 3 est une suite de sept pièces qui ne sont ni jazz ni improvisation libre. Il s'agit de sept pièces "comprovisées" comme de plus en plus de musiciens ont tendance à le dire, notamment en France. Des improvisations organisées, ou des compositions spontanées, comme d'autres le disent. Un subtil mélange de préparation et de spontanéité en somme, où il devient difficile de distinguer ce qui est prévu de ce qui est instantané. Difficile, peut-être, inutile certainement. Car l'important ne réside pas tant dn sle fait de savoir ce qui est écrit ou non, mais dans la musique elle-même. Une musique belle, libre, riche. Léandre et Contet possèdent chacun leur langage, un langage qu'ils ont élaboré au fil des années, qui ne change pas, mais les deux s'accordent vraiment très bien. L'écoute entre la contrebassiste et l'accordéoniste est précise, intime, subtile, stimulante. Les deux musiciens naviguent dans leurs eaux, certes, mais pour former un territoire nouveau, mélodique, rythmique aussi, très musical, bien structuré. Car Léandre & Contet savent gérer les questions d'intensité, d'énergie, de volume, mélodie, d'harmonie et de recherches sonores. Le duo équilibre toutes ces notions au fil des pièces en composant avec chacune d'elles, en jouant sur leur opposition, sur le glissement de l'un à l'autre, sur l'accentuation progressive d'un élément, etc.

Personnellement, c'est surtout quand le duo joue sur l'intensité que le charme opère le mieux je trouve. Car accordéon et contrebasse ne sont pas deux instruments utilisés pour leur puissance ou leur intensité, et c'est alors que le duo parvient à dépasser les limites et les barrières de leurs instruments, et de la musique, à leur manière. Une belle session d'improvisation libre, ou de "comprovisation" plutôt, commune mais recherchée, travaillée, et passionnée.