PARTIAL - LL (Another Timbre, 2014) |
Les trois pièces qui composent ce disque datent maintenant de 2010-2011, date à laquelle Coppice venait de se former. Même si ce duo n'a pas grand chose à voir avec Coppice, un intérêt fort pour l'abstraction est partagé avec les premiers enregistrements du duo. Mais le plus intéressant ne réside pas dans la comparaison. Déjà, le point de départ n'est pas très habituel. LL répond à une demande spécifique d'un magasin d'objets d'occasion sur Chicago, lequel a demandé aux artistes locaux d'investir le lieu de manière esthétique (pour des installations, performances, etc.) après les horaires d'ouvertures. Ainsi, Partial a choisi d'utiliser tous les objets possibles à l'intérieur du magasin pour créer leur musique lors d'une performance unique.
La première partie du disque est composé d'une partie de ces enregistrements réassemblés et édités par la suite. Le duo a su composer une musique pertinente et profonde, avec une acoustique unique, qui ressemble à une pièce composée à partir de logiciels informatiques. Le duo fabrique des nappes, des bruits blancs, et des percussions avec une délicatesse, une subtilité et une sensibilité impressionnantes. Souvent le volume est plutôt bas, cette pièce est de manière générale plutôt aérée, mais chaque son, parce qu'il est vraiment original et surprenant, possède une force et une profondeur qui ne laissent pas de marbre. De plus, le duo a véritablement composé une pièce très narrative lors de l'édition et a fait de cette pièce un morceau électronique abstrait qui évolue avec sens.
Quant à la seconde pièce, il s'agit d'un assemblement de différents essais acoustiques et non traités qui datent des préparatifs au concert. Le volume est encore plus faible, le son est encore plus abstrait, les silences sont plus présents. Je ne sais pas si c'est mieux, mais en tout cas, c'est à ce moment que la gestuelle des musiciens est la plus présente, que l'attention au son se fait le mieux ressentir, ainsi que la concentration nécessaire à la découverte de ces nouveaux matériaux. La forme de cette pièce est moins linéaire et moins narrative, elle évolue de manière abrupte et chaque sous-section est séparée par des silences, il y a moins de forme mais une plus grande présence des musiciens. Une sorte de focus sur le processus de création, sur la phase de recherche, un focus qui met beaucoup plus en avant les musiciens eux-mêmes ainsi que les objets utilisés, que l'on distingue mieux par ailleurs.
Puis Partial finit avec une très courte pièce de moins de deux minutes en laissant jouer une berceuse sur une boîte à musique du 19e siècle, une pièce un peu anecdoctique mais vraiment charmante. Cette conclusion met d'ailleurs en avant un des points essentiels de la musique de Partial : la volonté de laisser les objets s'exprimer tout en produisant une musique unique. Ce que le duo réussit très bien par ailleurs. Partial prend des objets, les utilise tels quels dans un geste personnel mais en communication étroite avec les objets eux-mêmes. Un dialogue profond entre les objets d'occasion et les musiciens, et une recherche sonore très originale, Partial utilise des objets usuels vraiment comme des instruments et tentent de s'approcher au plus près d'une musique instrumentale. Très bon travail, j'attends la suite de ce duo avec impatience.