projets autour de vincent copier (guitare & batterie)

Tu Tapes Trop Fort - s/t (Grand Chahut Collectif, 2012)

Certains d'entre vous auront déjà remarqué je pense mon intérêt (voire mon admiration) pour le percussionniste Sébastien Bouhana, à mon avis un des musiciens les plus importants du Grand Chahut Collectif (GCC). Au sein du trio Tu Tapes Trop Fort, Sébastien Bouhana est entouré de deux autres batteurs: Vincent Copier et Charles Fichaux. Un trio de batteries donc. Un trio de musique improvisée? Pas tout à fait: chacune des pièces est structurée selon une ligne directrice, qu'elle soit sonore, mélodique, rythmique aussi bien sûr, ou structurelle et hiérarchique. De nombreux possibles sont ainsi exploités durant cette petite heure, possibles des frottements, des percussions, possibilités mélodiques, interactives. Le temps est parfois lisse, parfois strié, ou plusieurs couches opposés se superposent, couches de cymbales frottées et de peaux frappées, couches de rythmes et de mélodies. Chaque pièce propose des univers variés où certaines possibilités musicales propres à la formation instrumentale sont explorées avec sensibilité et précaution. La meilleure surprise de ce disque réside certainement dans le fait que personne ne marche sur l'autre, il y a constamment - contrairement à ce que je pouvais craindre - de l'espace pour chacun, tout est calculé pour l'espace sonore ne soit jamais saturé et que chaque musicien ait autant d'importance que l'autre. Un travail original et réussi d'exploration de la batterie sous beaucoup de ses formes, et d'exploration de l'interaction méconnue et singulière entre trois percussionnistes.

Vincent Copier - Gratte (Grand Chahut Collectif, 2012)

Si dans Tu tapes trop fort, Vincent Copier était à la batterie, il n'utilise dans son projet solo intitulé Gratte que des cordes: celles - principalement - d'une guitare folk acoustique et celles - pour conclure le disque - d'un banjo. Durant plus d'une demi-heure constituée de courtes pièces, Vincent Copier dessine des univers variés, qui peuvent être idiomatiques (jazz, rock, musique populaire auvergnate?; avec un intérêt prépondérant pour le rythme) ou non, et parfois se rapprocher de Derek Bailey pour l'intérêt sur les attaques et l'intensité en-dehors de toutes formes d'idiomes musicaux. En gros, ça swingue, ça fait danser, ça invite à la méditation et ça bruite. De manière générale, que la musique soit mélodique, rythmique ou purement sonore, Vincent Copier s'intéresse toujours au timbre en tant que tel et utilise fréquemment de nombreuses préparations (quelques bouts de métal coincés entre le manche et les cordes, utilisation d'archets et cordes frottés, mais également des baguettes pour percuter les cordes, etc.). Une musique variée donc et vraiment plaisante, qui tout en étant accessible et plutôt facile d'écoute, reste exigeante, créative et inventive.

(informations & téléchargement gratuit: http://grandchahut.free.fr/gratte.htm)

Vincent Copier & Anne-Laure Pigache - Soudain (Grand Chahut Collectif, 2012)

Soudain est un duo pour voix et batterie, avec Vincent Copier et Anne-Laure Pigache. Un duo de musique improvisée réactive, ici-même une musique dite "soudaine". Aux percussions, Vincent Copier joue beaucoup sur les couleurs et les tons des peaux et des cymbales, il se concentre la plupart du temps sur un seul élément à la fois: le frottement des cadres, la percussion de la caisse claire, l'attaque de la cymbale, etc. Ce n'est pas une démonstration de virtuosité et de rapidité, l'aspect réactif et spontané de ces improvisations est quelque fois noyé sous un caractère expressionniste où Copier semble vouloir avant tout mettre en avant les couleurs propres à la batterie plus que leur aspect figuratif ou fonctionnel. Du coup, les idées durent, le temps s'étire, pour une musique qui s'approche parfois de l'abstraction colorée. Il en va un peu de même pour Anne-Laure Pigache, qui n'emploie souvent qu'une méthode de chant à la fois, que ce soit un jeu de langue, de bouche, de gorge, de respiration, ou de souffle. Durant la majeure partie de ces improvisations, on a souvent l'impression d'entendre les expérimentations de Luciano Berio écrites pour sa femme Cathy Berberian. La multiplicité des possibilités sonores de la batteire et de la voix sont au premier plan, assistée par de nombreuses techniques étendues bien sûr. Une musique riche en couleur, où réactivité et interaction font entièrement partie du jeu d'improvisation. Pas forcément très original, mais plutôt sincère et personnel.

(informations & extraits: http://grandchahut.free.fr/soudain.htm)