Albatre - A Descent into the Maelström (Shhpuma, 2013)
Ce sont deux portugais et un allemand qui forment le trio Albatre, trois musiciens prometteurs que j'entends ici pour la première fois: Hugo Costa (saxophone alto, loop), Gonçalo Almeida (basse électrique, effets) et Philipp Ernsting (batterie, électronique).
Indéniablement, Albatre rappelle la fin des années 90 et le début des années 2000 avec ce mélange détonant de punk et de free jazz. Une musique puissante, énergique et explosive, avec un son global massif et enflammé, des riffs gras et nerveux, des blasts et des rythmiques progressives tendues, un saxophone criard et virulent. Oui, on reconnaît là les éléments qui faisaient de Zu un super trio, mais Albatre ne s'arrête pas là. Avec l'ajout d'effets et d'électronique, c'est tout un penchant de l'improvisation libre et de la noise qui s'ajoute à leur musique. Albatre sonne comme un hommage aux groupes de free-rock, mais enrichit aussi sa musique d'éléments plus propres à l'eai et à la noise, ainsi qu'au progressif par moments... Six pistes, une petite demi-heure, et le tour est joué pour une suite explosive et grandement énergique de morceaux variés, énervés, viscéraux, sincères et originaux.
Une musique pour intellectuels "frustrés de n'avoir jamais été punk", pour mélomanes alcoolisés et amateurs de noise comme de free. Hardcore, puissant, massif: jouissif.
[informations, présentation & extrait: http://shhpuma.com/shh005cd-albatre-a-descent-into-maelstrom/]
Joana Sá & Luís José Martins - Almost a song (Shhpuma, 2013)
L'initiative est encore osée de la part de Shhpuma, car ce duo sort vraiment des sentiers battus. La musique composée et improvisée par Joana Sá (piano, piano toy, celesta, percussions & electronique) et Luís José Martins (guitare classique, percussions & électronique) est plutôt protéiforme.
En effet, les cinq pistes de ce disque sont le fruit d'un mélange un peu extravagant de méthodes d'écriture et de techniques de jeu propres au classique, à la chanson, au jazz, au rock, à la musique contemporaine, au free jazz. Des boucles mélodiques naïves et enfantines précèdent des clusters, une grille d'accord se déconstruit progressivement de manière atonale, etc. Mais je ne sais pas, je n'y arrive pas. Il y a une sorte de facilité ou d'inconsistance qui m'empêche de pénétrer chaque pièce, le plus rebutant étant l'ambiance naïve et crédule souvent présente. Et ce malgré quelques moments innovants et originaux ainsi qu'une technique instrumentale irréprochable... Presque une chanson, un peu trop proche pour moi de la chanson justement, avec ses ritournelles assommantes, ses mélodies niaises et ses structures inconsistantes.
[informations, présentation & extrait: http://shhpuma.com/almost-a-song/]