ANTOINE CHESSEX - Errances (Under, 2013) |
Errances est une (trop) courte pièce de 28 minutes, où Antoine Chessex superpose grâce aux techniques de réenregistrement de longues notes de saxophone ténor, ornementées de souffles et de parasites omniprésents. La première partie est basée sur une note, à partir de laquelle Antoine Chessex forme une suite d'accords doux et harmonieux. La composition est linéaire, elle avance de manière uniforme, avec quelques tensions au sein des accords. Il y a un côté très organique dans ces accords, que l'on doit en grande partie à l'importance du souffle et de la salive, rappel constant de la présence humaine en opposition à la construction linéaire, neutre et machinale de ces errances.
Si les dix premières minutes peuvent apparaître douces et harmonieuses, détendues et organiques, la fin de cette pièce est ce qui fait le plus penser à Niblock par contre. Car lors de la seconde partie du disque, les accords se font de plus en plus tendus et de plus en plus proches du cluster. Si Antoine Chessex continue de mettre en avant le côté organique et humain de l'instrument, il s'approche de plus en plus de l'ambiance oppressante des compositions micro-tonales avec tout le jeu sur les vibrations entre les fréquences trop proches, et le jeu de tensions sur les micro-intervales.
Une première partie sur l'aspect organique du saxophone, puis une seconde plutôt axée sur l'aspect organique de l'acoustique. Cette pièce de Chessex révèle un musicien très soucieux de son instrument, de ses propriétés acoustiques, et de l'espace dans lequel tout se révèle. Une belle composition mélodieuse et microtonale, organique et envoutante.
(désolé pour la qualité de la pochette, je n'ai pas trouvé de reproduction de meilleure qualité...)