JUNJI HIROSE - SSI-4 (Hitorri, 2013) |
Junji Hirose est un improvisateur japonais plus connu en
tant que saxophoniste (plusieurs disques en solo ont été publiés entre 1980 et
2010) ou comme membre de Ground Zero et du Shibusashirazu Orchestra. Mais
parallèlement à son activité de saxophoniste, Hirose a également commencé à fabriquer des self-made sound instruments (SSI) dans
les années 80 à partir notamment de roues de bicyclettes, de débris
métalliques, et autres ordures industrielles.
SSI-4 est ainsi un enregistrement d’une performance
basée sur ses installations sonores, une performance réalisée en janvier 2013
au Japon. Une installation d’une multitude de matériaux métalliques qui vont
des roues aux ressorts, en passant par une inévitable plaque de tôle et divers
objets en aluminium ; chacun de ces objets est amplifié par des
micro-contacts soigneusement installés, et Hirose les frotte les uns aux
autres, les percute et les gratte durant une heure environ.
Le choix des objets révèle souvent une richesse harmonique
et même parfois mélodique complètement inattendue. On sent bien que cette
installation a été pensée et travaillée durant près de trois décennies car le
son de Junji Hirose est unique, profond et précis. Chaque débris et détritus acquièrent
avec cette construction une vie musicale inattendue : une vie parois
rythmique, parfois légèrement mélodique (car l’installation doit être
légèrement automatisée et des boucles la traversent, c’est du moins
l’impression qu’on a), mais surtout sonore. Hirose dévoile toute la richesse
harmonique et spectrale de chaque objet, d’une manière profonde, attentive et
sensible.
Donc oui, le son de cette installation est vraiment unique,
riche et profond, les textures et les grains développés par Hirose sont
surprenants. Après, toute l’attention est concentrée sur l’exploration sonique
et la réverbération dans l’espace, et Hirose ne développe aucune forme, ne fait
pas vraiment attention à l’intensité des sons ou à leur dynamique. Du coup,
passée la surprise, l’aspect très riche et mouvant des sons d’un côté, la
linéarité et la simplicité de la forme de l’autre, on peut vite se lasser de
cette forme qui paraît bien pauvre face à la richesse du contenu. Un disque qui
semble relever presque uniquement de l’installation sonore et qui peut paraître
musicalement pauvre malgré la profondeur de l’exploration sonore.