Scott Cazan - Swallow [LP]

SCOTT CAZAN - Swallow (Care of, 2013)
Scott Cazan est un compositeur américain basé à Los Angeles, qui a étudié entre autres avec Pisaro. Il travaille principalement dans le domaine de l'art sonore et de la musique électronique. C'est la première fois de mon côté que j'entends un de ses travaux, donc je ne pourrai pas en dire plus long sur lui, mais en tout cas, avec Swallow, c'est une excellente découverte, et j'attends d'en découvrir plus de ce musicien.

La première face de ce 45 tours présente une pièce où Cazan utilise des larsens de table, des micros, du métal, un violon, et de nombeux enregistrements de cordes (provenant d'Eric km Clark, Stephanie Smith, Aniela Marie Perry, Andrew McIntosh, et Heather Lockie). Il s'agit d'une pièce linéaire basée sur l'archet, sur le frottement des cordes et des métaux, avec comme accompagnement des larsens utilisés comme des sine tones. Même si de nombreux outils électroniques sont présents, on se croirait dans une pièce presque exclusivement instrumentale et acoustique : tout est calqué sur le modèle de l'archet, sur son mouvement, sa dynamique, son intensité et sa texture. Une très belle pièce électroacoustique qui sonne comme un formidable ensemble d'improvisateurs réductionnistes jouant un drone dense et puissant.

La seconde face est encore plus réjouissante. Divisée en deux, elle est composée d'une pièce basée sur des field-recordings quotidiens et des ondes sinusoïdales, et d'une pièce pour bruit blanc et sinusoïdes toujours. Comme le remarquait déjà Brian Olewnick, la première pièce, avec les enregistrements de voix dans une pièce, le côté quotidien et urbain, tout ça mélangé à des sinusoïdes parfaitement intégré au volume, ça ressemble pas mal à du Pisaro - et tant mieux j'ai envie de dire. Quant à la seconde partie, on dirait que Cazan souhaite faire un parallèle entre les bruits quotidiens, les instruments et le bruit pur et dur. Car cette partie est composée comme les autres, les sinusoïdes et les fréquences pures sont intégrées et dialoguent au même niveau que les bruits blancs, de la même manière qu'elles dialoguaient avant avec les instruments ou avec les field-recordings. Mais ici, les bruits utilisés sont intenses, riches, mouvementés : ils prennent d'assaut l'auditeur, mais avec une agressivité poétique j'ai envie de dire, ou avec une violence sensible. Excellent travail en tout cas.

Finalement, tout se joue dans un dialogue entre l'électronique, l'humain, le bruit, les machines et les instruments, où tout le monde a sa place, une place ni plus ni moins importante que celles des autres. Cazan compose avec toutes les sources de manière très équilibrée et harmonieuse de manière à ce que l'écoute ne fasse pas ressentir la différence entre les outils utilisés, et c'est réussi. Hâte d'écouter ses prochains disques.