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JAAP BLONK - Lifespans (Kontrans, 2013) |
Je n'ai toujours suivi que de loin l'activité de
Jaap Blonk, poète et artiste sonore néerlandais proche du dadaïsme, de l'improvisation et de la noise. Mais même en suivant de loin, je suis vraiment surpris par ce disque qui sort après quelques années de silence (environ de 2008 à 2012). Avec
Lifespans, Jaap Blonk sort du domaine de la performance vocale et semble découvrir l'ère de la synthèse numérique et de la programmation. Je ne sais pas précisément avec quoi il a pu créer cette pièce, mais on dirait une sorte de simulateur de synthétiseur analogique rentré dans un programme chaotique. Des sortes de boucles et d'éléments électroniques s'ajoutent les uns aux autres jusqu'à la nausée. Des boucles très rapides, très très proches de la saturation et de la distorsion du signal, qui s'amoncellent très rapidement au départ. Ce début de disque est très dur, exigeant, les boucles s'enchaînent et s'emmêlent de manière répétitive et aléatoire, de manière très linéaire et statique, et forment un mur de son de plus en plus dense et monolithique. Car les sons ne changent jamais de dynamique, ni d'intensité, ni de volume, tout est modifié uniquement par l'ajout ou le retrait de couches sonores. La première moitié de ce disque est donc bien endurante, on ne pense jamais arriver à la fin, puis des couches disparaissent, l'atmosphère s'espace un peu, la dynamique se tranquilise. Mais les boucles sont toujours là, rapides, nerveuses, agressives, et même si la dynamique est plus calme, la tension et la saturation sont toujours omniprésentes. Un crescendo, un decrescendo, le mouvement est simple et va d'une musique de plus en plus dense jusqu'au climax, qui s'apaise ensuite progressivement. Mais il faut réussir à tenir, et le pari n'est pas gagné pour tout le monde. Un disque à réserver aux amateurs de harsh noise avant tout, d'agression avant-gardiste aussi, et surtout aux masochistes qui réclament des murs de bruits chaotiques en pleine gueule...