Heddy Boubaker: saxophones alto & basse
Mathias Pontevia: batterie horizontale & percussions
Nusch Werchowska: piano & objets
A floating world, publié par le label russe Mikroton, réunit pour la seconde fois le trio WPB3, composé de trois explorateurs sonores français radicaux et extrêmes. Mathias Pontevia, comme son camarade Sébastien Bouhana, se situe dans la droite lignée de Lê Quan Ninh, à ses côtés, la pianiste rennaise Nusch Werchowska explore l’intérieur d’un piano préparé à l’aide d’objets, pendant qu’Heddy Boubaker déploie de nombreuses techniques étendues au saxophone, techniques riches et jamais gratuites.
Au total, plus d’une heure d’improvisation libre répartie en quatre pièces; quatre pièces minimalistes où les interventions sont réduites au minimum, où l’écoute atteint une attention sensible et extrême. Que ce soit pour un solo, un duo ou un trio, le silence est toujours présent, l’espace est aéré et ouvert à toutes sortes d’interventions : soniques, dynamiques, énergiques, rythmiques, voire silencieuses. Personne ne domine, la hiérarchie et le fonctionnalisme instrumental sont anéantis au profit d’une musique horizontale, à l’image des percussions de Pontevia. Différentes sortes de dynamiques musicales se succèdent et surgissent les unes des autres, de la masse sonore compacte et homogène à la répétition de cellules, en passant par des explorations timbrales où chacun se démarque de l’autre en adoptant un son bien spécifique. Toujours est-il que le principal atout de ces enregistrements réside dans l’attention portée à l’autre, dans l’écoute concentrée et les réponses justes qui forment une musique toujours très sensible, parfois pleine de délicatesse (envers les musiciens, ou envers le son), quand elle n’est pas d’une énergie débordante et agressive.
Qu’elles soient fortes et tendues, ou délicates et légères, ces improvisations sont toujours intenses et puissantes grâce à l’attention débordante dont fait preuve le trio WPB3 envers chacun des membres ainsi qu’à l’attention et la sensibilité portée au son lui-même en tant que phénomène sonore parfois indépendant de l’artiste lui-même et de sa volonté. Car le son paraît parfois surgir seul des instruments, et c’est à ces moments que, paradoxalement, la virtuosité des instrumentistes est la plus impressionnante, il n’y a pas vraiment autonomisation du son, mais un effacement volontaire de la personnalité devant la potentialité émotionnelle du timbre. Je me suis retrouvé complètement émerveillé, voire envouté, devant la richesse et la profondeur des sonorités et des timbres déployés durant ces improvisations qui, en plus, varient constamment dans leur dynamique et leur énergie. La musique n'est pas noyée dans l'abstraction même si elle est souvent abstraite, il y a une forme de chaleur toujours présente due à l'interaction, une interaction très sensible et délicate où attention et concentration permettent aux individualités d'émerger collectivement et horizontalement sans se fondre dans le son. Une chaleur également due à un refus radical certes, mais aussi flexible, de la tradition: au piano comme au saxophone, des phrasés plus classiques peuvent émerger en-dehors des triturations du cadre, des souffles et des slaps; seule la batterie reste l'élément le plus abstrait, conformément à son usage traditionnel dans la musique occidentale.
Quatre pièces qui s'équilibrent dans les dynamiques, les timbres et les interventions en forme de chaise musicale. A l'image de la pochette, les trois musiciens forment trois couchent qui émergent, disparaissent, se succèdent, et se superposent les unes en fonction des autres; où présence et absence, son et silence, sont sur un terrain d'égalité et ont autant d'importance l'un que l'autre. Trois strates autonomes en apparence, où l'individualité reste présente, mais dont l'évolution reste toujours dictée par le tout des strates, par la musique elle-même. A floating world nous amène dans un territoire sonore très riche et profond en timbres, en processus d'interactions, comme en dynamiques, où l'écoute et l'attention sont d'une délicatesse et d'une sensibilité émerveillante.
Tracklist: 01-Liquicy Ride / 02-Deep South, White Heat / 03-No Difference Between A Fish / 04-The Wrinkles Of The System
Quatre pièces qui s'équilibrent dans les dynamiques, les timbres et les interventions en forme de chaise musicale. A l'image de la pochette, les trois musiciens forment trois couchent qui émergent, disparaissent, se succèdent, et se superposent les unes en fonction des autres; où présence et absence, son et silence, sont sur un terrain d'égalité et ont autant d'importance l'un que l'autre. Trois strates autonomes en apparence, où l'individualité reste présente, mais dont l'évolution reste toujours dictée par le tout des strates, par la musique elle-même. A floating world nous amène dans un territoire sonore très riche et profond en timbres, en processus d'interactions, comme en dynamiques, où l'écoute et l'attention sont d'une délicatesse et d'une sensibilité émerveillante.
Tracklist: 01-Liquicy Ride / 02-Deep South, White Heat / 03-No Difference Between A Fish / 04-The Wrinkles Of The System