TRIO PUECH GOURDON BREMAUD - sans titre (La Novia, 2012) |
En tout cas, avec le premier disque solo de Yann Gourdon qui vient de paraître, le trio Puech Gourdon Brémaud fait partie de ces enregistrements qui valent largement le coup d'oreille. On retrouve ici Jacques Puech à la cabrette (cornemuse auvergnate), Yann Gourdon à la vielle à roue et Basile Brémaud au violon. Beaucoup d'instruments traditionnels auvergnats, oui, mais également beaucoup d'airs auvergnats. Je ne suis pas spécialiste de la musique traditionnelle populaire, mais le trio semble se baser sur des bourrées auvergnates. Des bourrées dont le thème est donné au début de chacun des trois morceaux ainsi qu'à la fin, mais dont le plus intéressant réside dans le traitement qui en est fait. Car au milieu, le trio développe le thème d'une manière très particulière et puissante. Un développement qui ressemble à une sorte d'improvisation sans en être une, un développement qui est comme une distorsion acoustique du thème. Puech, Gourdon et Brémaud s'intéressent plus au bourdon présent dans la musique traditionnelle, ou à une particularité rythmique, plus qu'au folklore auvergnat ou à l'aspect sautillant et dansant de ce répertoire. Le trio s'empare d'un élément du thème, une fraction de thème, l'étire, le distors, et le triture. Et il en ressort une musique très lancinante, hypnothique, belle, massive. Puech, Gourdon et Brémaud improvisent sur un thème, mais moins pour le développer que pour le réduire à ce qui les intéressent.
Des improvisations qui développent principalement les aspects continus, linéaires, dissonants et hypnothiques de la bourrée (ou de la musique auvergnate - je ne suis pas sûr qu'il s'agisse de bourrées réellement). Le trio développe une sorte de folklore imaginaire teinté de réel, une sorte de musique étrange qui se situe à la croisée des musiques rituelles de transe de possession, des musiques médiévales du Massif Central, et des drones imposants de Phill Niblock. Conseillé.