BLIP - Dead Space (Bocian, 2012) |
Le duo tente, semble-t-il, de faire revivre cet espace vide d'écho, mort de résonance. Si les phénomènes acoustiques sont faibles dans cet espace, il n'y a qu'à propager toute la richesse sonore possible semblent vouloir dire les deux musiciens. Et c'est ce qu'ils font : Jim Denley accumule techniques étendues sur techniques étendues, avec une large préférence accordée aux souffles et aux harmoniques métalliques, tandis que Majkowski n'est jamais très loin au niveau sonore, et s'emploie à copier le son du souffle et des harmoniques avec un frottement léger des cordes, ainsi qu'avec l'insertion d'objets métalliques. Le duo propose ainsi sept improvisations libres concentrées sur les textures et les timbres, mais également sur l'interaction entre les instruments et leurs possibles entremêlements. Des improvisations plutôt calmes et linéaires, avec une narration sans rupture, un volume et une intensité constants : l'intérêt n'étant pas dans les formes et les structures, mais dans le son lui-même. Le duo se plonge littéralement dans ses instruments (flûte, saxophone et contrebasse avant tout) et offre une approche assez unique du jeu instrumental. Oui, d'un côté, Majkowski n'est pas sans rappeler Clayton Thomas et ses plaques d'immatriculation, tandis que les harmoniques avec souffles et salive de Denley font aussi penser à Martin Küchen, mais il y a tout de même une touche vraiment personnelle dans l'approche des instruments : Majkowski et Denley ont eux aussi développé un langage instrumental nouveau et frais, fait de techniques, de timbres, et d'atmosphères personnelles. Ces atmosphères sont sombres souvent, et mélancoliques, mais surtout riches et innovantes.
Un très bel exemple d'improvisation libre non-idiomatique, avec toute la recherche instrumentale et sonore, ainsi que les développements techniques que cette pratique requiert. Conseillé.
Nouveau solo de contrebasse de Mike Majkowski publié cette fois en LP par Bocian, Why is there something instead of nothing renvoie aux questionnements métaphysiques de Leibniz et autres penseurs de l'ontologie. Musicalement pourtant, je ne vois aucune relation à faire entre l'ontologie et ce solo, hormis le titre de ce vinyle.
Majkowski propose une improvisation par face - enfin je parle d'improvisation mais c'est très clairement structuré et ça n'a rien de spontané. La première face est une longue pièce de quinze minutes où le contrebassiste australien d'origine polonaise ne cesse de faire aller et venir l'archet sur ses cordes à une rapidité surprenante. C'est très énergique, et posé en même temps, car Majkowski répète inlassablement le même geste, à la même vitesse, avec une pression plutôt constante, et laisse ainsi place aux multiples accidents de parcours et incidents sonores qui peuvent avoir lieu. En plus, je me demande tout de même si un objet métallique n'est pas placé dans les cordes, mais c'est possible que non, auquel cas le son de Majkowski est vraiment riche et surprenant. Une pièce intense et répétitive réussie. Puis sur la deuxième face, Majkowski propose une autre forme d'exploration sonore obsessionnelle en ne jouant que deux notes à l'archet, puis une pizzicato, à un rythme beaucoup plus calme et lent, et surtout en laissant place cette fois à la résonance des cordes et aux harmoniques fantômes qui surgissent quand les notes s'évanouissent.
C'est simple, précis, beau, subtil, et très bien structuré. Bon travail, très original pour un solo de basse.
MIKE MAJKOWSKI - Why is there something instead of nothing ? (Bocian, 2013) |
Majkowski propose une improvisation par face - enfin je parle d'improvisation mais c'est très clairement structuré et ça n'a rien de spontané. La première face est une longue pièce de quinze minutes où le contrebassiste australien d'origine polonaise ne cesse de faire aller et venir l'archet sur ses cordes à une rapidité surprenante. C'est très énergique, et posé en même temps, car Majkowski répète inlassablement le même geste, à la même vitesse, avec une pression plutôt constante, et laisse ainsi place aux multiples accidents de parcours et incidents sonores qui peuvent avoir lieu. En plus, je me demande tout de même si un objet métallique n'est pas placé dans les cordes, mais c'est possible que non, auquel cas le son de Majkowski est vraiment riche et surprenant. Une pièce intense et répétitive réussie. Puis sur la deuxième face, Majkowski propose une autre forme d'exploration sonore obsessionnelle en ne jouant que deux notes à l'archet, puis une pizzicato, à un rythme beaucoup plus calme et lent, et surtout en laissant place cette fois à la résonance des cordes et aux harmoniques fantômes qui surgissent quand les notes s'évanouissent.
C'est simple, précis, beau, subtil, et très bien structuré. Bon travail, très original pour un solo de basse.