BONDI / D'INCISE / DEMIERRE / KOCHER - Öcca (Bocian, 2013) |
Bondi, d'incise et Kocher travaillent régulièrement ensemble depuis plusieurs années, tandis que Demierre participe à l'IMO (insub meta orchestra), dirigé par Bondi et d'incise. Ce n'est donc pas leur première rencontre, et on peut facilement le ressentir. Il s'agit d'improvisation libre toujours, mais clairement dirigée dans une direction. Le quartet n'évolue que sur des terrains très calmes, très neutres, des terrains sonores où aucune source instrumentale ne se distingue la plupart du temps, une au grand maximum (surtout le piano et l'accordéon qui ont des timbres si caractéristiques). Mais en règle générale, le quartet explore des terrains bruitistes très calmes et linéaires, il explore des zones pas vraiment musicales et très fines, des zones faites de bruits, de silences, de calmes anormaux, d'une quiétude très tendue. Car si ces improvisations ne sont jamais fortes en volume, si elles sont espacées et calmes, et si en plus elles paraissent très linéaires et informelles, il n'en règne pas moins une grande tension et les terrains sont tout de même en constante évolution. Le quartet explore une multitude de textures : des textures très fines, subtiles, précises, calmes, belles, et originales.
Öcca est un très bel exemple d'improvisation libre non-idiomatique ou de réductionnisme si l'on veut, mais c'est surtout une nouvelle preuve de la finesse de cette jeune scène suisse hyperactive, de leur originalité, de leur talent, de leur passion, et de la finesse dont ils sont capables. De plus, la présence de Demierre rend cette session encore plus charmante, un Demierre qui joue pleinement le jeu des trois jeunes improvisateurs, qui se fond dans la masse avec une finesse impressionnante, d'une manière parfois proche de Tilbury. Très beau travail.