STEFAN THUT - drei, 1-21 (Wandelweiser, 2013) |
Les 21 parties de drei sont composées de la même manière : chaque membre du trio se voit attribuer deux blocs de traits à jouer (entre un et trois). C'est la reproduction que l'on peut trouver à l'intérieur de la pochette en tout cas, et je ne sais pas si la pièce originale comporte des indications écrites supplémentaires. En tout cas, le trio joue cette partition uniquement avec des notes, simples, sensibles et régulières. Des notes plus ou moins longues, qui durent entre trois et vingt secondes peut-être, séparées par de longs silences. L'espace sonore est délicatement sculpté par les notes, le silence semble comme creusé par les interventions, à moins que ce ne soit les interventions qui ne soient sculptées par le silence. Il est difficile de séparer les deux, car dans ces partitions, c'est certainement la durée qui sépare chaque son qui importe le plus.
Et le trio fait justement attention à ceci : les interventions sonores sont monotones, discrètes et délicates, pour justement ne pas trop se mettre en avant, pour que ce soit au contraire la durée entre chacune des interventions sonores qui soit au premier plan. Une réalisation très précise dans la mesure où chaque son est toujours égal aux autres en volume et en intensité, et que l'interaction entre les sons est oubliée et niée au profit de l'interaction entre les sons et le silence. C'est beau, fin, précis, et exigeant.