Eterno Retorno, c'est Ernesto
Rodrigues toujours à l'alto, avec son fils Guilherme au violoncelle,
le fidèle Carlos Santos à l'électronique, et Andrew Drury aux
percussions. Etrange référence à Nietzsche, car pour une fois, la
musique de ce quartet est presque pulsée, du fait des percussions
d'un côté, mais également de notes répétées frénétiquement
aux cordes. Les quatre improvisations qui forment Eterno Retorno
sont, contre toute attente, placées sous le signe d'une pulsation
sous-jacente et implicite contrairement aux improvisations beaucoup
plus texturales auxquelles nous ont habitués ce collectif
d'improvisateurs, portugais pour la plupart.
Street Food, la pièce qui ouvre le
bal, nous plonge directement dans un territoire agressif et
énergique. Cordes et peaux sont frottées avec virulence, quand
elles ne sont pas violemment percutées, et Carlos Santos n'hésite
pas à en rajouter une couche avec des envolées analogiques
intenses. Une improvisation extrêmement énergique, basée sur une
intensité constamment soutenue et une atmosphère saturée, une
ambiance d'une violence plus proche de la noise que de
l'improvisation électroacoustique. Superbe. C'est ensuite que les
choses se gâtent, l'espace se fait plus aéré, les interventions
sont plus discrètes et plus douces. Il y a une bonne écoute entre
les musiciens certes, mais le manque de relief et d'intensité, cette
linéarité, produisent plus une sensation de lassitude et d'ennui
que de tension. J'ai beau écouté et réécouté ce disque, pas
moyen d'accrocher à toutes petites interventions discrètes et
délicates qui ne font pas sens. Le dialogue est équilibré et sensé
entre les musiciens certes, mais aucune forme ne surgit, l'intensité
reste la même, et c'est un sentiment de monotonie qui finit par
prendre le dessus.
Globalement, il y a une très bonne
homogénéité dans le son de groupe, chacun sait se confondre ou se
plonger dans le collectif, et les réponses sont souvent justes. Le
problème vient surtout d'une trop grosse linéarité qui paraît
avoir du mal à s'assumer. Tout le contraire de cette première pièce
incroyable, cette pièce puissante et pleine de relief, qui ne laisse
pas présager cette suite décevante. Ceci-dit, il y a tout de même
quelques moments de tensions réussis (notamment sur la troisième pièce: Adamant Distances), où l'intensité est assez
soutenue par rapport au reste des improvisations, mais la plupart du
temps, c'est quand même une trop grande linéarité qui règne. Un disque auquel je suis assez indifférent... très mitigé.
Tracklist: 1-Street Food / 2- Good Dog, Cookie / 3-Adamant Distances / 4-Many Happy Returns