Egalement parue sur le label de Nick Hoffman, Pilgrim Talk, cette cassette de Kamerman n'est pas là pour nous réconforter les oreilles. Peut-être que c'est un solo, peut-être que c'est très court (une dizaine de minutes), il n'empêche que l'écoute de ces deux faces est sensiblement douloureuse et excessivement intense. Tout commence par une première face de harsh noise très violente, douloureuse et puissante. Un souffle sourd, quelques bruits percussifs, puis le mur de son s'installe, une nappe proche du bruit blanc où chaque fréquence agit sur chaque autre, où des basses saturées empêchent quelques larsens d'émerger. Comme un grand NON à la musicalité, comme une peur du silence et du vide, l'espace sonore est submergé par des accidents électroniques, des textures synthétiques et des feed-backs agressifs. Tous ces éléments se succèdent, se croisent et se superposent parfois et le mur découvre petit à petit de nombreuses aspérités terrifiantes et de plus en plus profondes. Profondes de puissance et d'intensité, Kamerman occupe l'espace avec des textures peut-être déjà-entendues, même si elles paraissent plus artisanales que celles généralement produites par les sculpteurs bruitistes, mais surtout époustouflantes. La deuxième face est plus reposante, une étrange voix semblant provenir d'un magnétophone ou d'un gramophone émerge, le chant est décéléré, interféré. Interférences qui prennent la forme de buzz et de larsens. Le chant ne se trouve pas noyé mais voilé, les interférences lui donnent une consistance fantomatique qui le rend d'autant plus étrange et inquiétant. L'atmosphère est tendue, mais poétique en quelque sorte, comme si ces interférences et cette manipulation rendaient compte des émotions de Kamerman, rendaient également compte de ses inquiétudes et de ses intentions vis-à-vis de cette drôle de mélodie populaire qui est utilisée pour cette pièce. Encore deux pièces extrêmes, deux pièces qui interrogent la musicalité du bruit mais également la part de bruit contenue dans la musique notamment grâce aux manipulations de la chanson populaire traitée sur la deuxième face. Court, intense et extrême, une cassette aux confins de l'audible et de la musique.
Tracklist: A-When I hear that song "There is a light that never goes out" I cry like a bitch, man. / B-This wooden ridge (for Robert, Tyler, Travis, and Mozz)