Refrain rassemble quatre musiciens plus ou moins connus, instrumentistes acoustiques et expérimentateurs électroniques internationaux. Gust Burns (piano) a déjà joué avec Stéphane Rives, Keith Rowe, Malfatti et d'autres, et a également été le directeur du Seattle Improvised Music Festival jusqu'en 2011. Je ne présente pas le second, Ernesto Rodrigues, violoniste qui dirige le label Creative Sources. Il y a ensuite Vic Rawlings (violoncelle amplifié, surfaces électroniques, loudspeakers), peu connu lors de cet enregistrement de 2007, il commence à se faire une réputation notamment depuis ses collaborations avec Greg Kelley, Bhob Rainey ou Mazen Kerbaj. Je n'ai jamais entendu parler du dernier musicien de cette formation, David Hirvonen (guitare électrique, électronique), et je n'ai pas non plus d'autres informations sur lui à part celles relatives à ce disque.
Comme sur de nombreuses productions du label portugais, ce quartet agence avant des textures (vous risquez de souvent cette expression...), des nappes froides et tendues, calmes et grinçantes. Les quatre musiciens produisent des drones qui se frottent sans s'assembler, des drones abrasifs et mouvants, aux frontières du bruit et du silence, de l'acoustique et de l'électronique. Quelques larsens, des touchés agressifs au piano, des sons électroniques simples, des micro-contacts effleurés et le bois du violon frotté forment les matériaux de base de ces textures. Il n'y a pas vraiment d'homogénéité sonore, les quatre musiciens préservent leur individualité à l'intérieur d'un timbre spécifique qui ne colle jamais avec les autres. L'ambiance est brumeuse, calme, et surtout, insensée. Aucune structure ne se dégage, seuls des timbres surprenants et créatifs émergent parfois, mais j'ai eu beaucoup de mal à apprécier cette pièce qui m'a laissé assez indifférent. Seule la fin de ces 25 minutes m'a paru fonctionner, l'atmosphère se tend à ce moment, devient plus violente et puissante, plus forte et intense, et le son global tend à s'homogénéiser, aspire à la symbiose, avant de retomber dans un silence numérique qui laissera place à une coda pas forcément utile.