BRIGANTIN - La fièvre de l'indépendance (Bloc Thyristors, 2013) |
Une formation également alléchante pour son internationalisme. La présence de musiciens anglais et allemands, en plus du batteur français, oriente le quartet vers de l'improvisation libre mois typiquement française : moins réactive et fracturée, moins contemplative aussi. L'occasion de retrouver l'urgence de l'improvisation libre européenne, son nivellement hiérarchique par le haut, l'écoute attentive et l'interaction sensible entre les voix, etc. Un retour à l'improvisation comme continuité radicale du free jazz - sans l'influence du jazz - comme en produisait FMP et Incus.
Brigantin pratique l'improvisation comme une forme informelle, comme une structure à éclater pour laisser éclore chaque individualité, mais aussi, au même niveau, pour que s'épanouisse la personnalité du groupe pris comme une entité indivisible. Des formes libres, aux durées et aux instrumentations variables, où peuvent pleinement s'épanouir la créativité de Barry Guy et Jean-Noël Cognard, aussi bien que la puissance et le pointillisme furieux de Johannes Bauer. Mais ce qui peut s'épanouir surtout, ce sont les intentions musicales et collectives qui fleurissent durant chaque improvisation.
Chaque pièce proposée par Brigantin est dense, intense et créative. Il se passe beaucoup de choses, des choses jouées avec énergie, avec joie et amour de l'improvisation et de la rencontre. Le quartet semble franchement réjoui de cette rencontre, de cette réunion de quelques uns des esprits les plus fertiles et les plus libres de la free improvisation européenne. Tout le monde joue instinctivement et avec persévérance, toujours à l'écoute du collectif et des intentions de chacun. Mais surtout, chacun joue avec passion, avec un esprit créatif et avec une puissance toujours égale. Excellente rencontre qui, au lieu de proposer quelque chose d'original et creux, propose de l'improvisation libre peut-être archétypale, mais chaleureuse et passionnée.