EMPAN - Entraxes inégaux / TANKJ - Craquer les liants (Trace, 2012) |
Des deux, c'est surtout le projet Trankj qui a retenu mon attention : un quartet d'eai qui réunit Serge Adam (trompette, bugle), Jérôme Noetinger (dispositif électroacoustique), Titus Oppmann (contrebasse), et Jean-Noël Cognard (batterie et objets). Ce projet possède la même énergie et l'humour d'un disque comme FMP130 tout en revêtant des couleurs plus modernes. Des couleurs et une approche nouvelles dues aux caractères et aux histoires de chacun : aux solides lignes de basse qui dialoguent avec l'influence rock et parois binaire du très énergique Jean-Noël Cognard, aux cuivres passés au crible des pédales de disto, et aux manipulations électriques de bandes magnétiques aux tendances extraterrestres et fracturées.
Tankj propose des pièces courtes, énergiques et étincelantes. Ca pète, ça envoie, c'est inventif, créatif, spontané et tout de même structuré. Une idée est développée sur chaque pièce, une ligne souvent riche et forte sur laquelle se déploie quatre musiciens créatifs et aux personnalités distinctes. De l'improvisation libre originale, qui conserve l'inventivité et la spontanéité de l'eai, la puissance et l'énergie du free rock, tout en proposant une alternative qui ne ressemble pas tout à fait à aucune de ces tendances.
Quant à Empan, il s'agit cette fois d'un quintet plus orienté vers l'improvisation libre acoustique et le free jazz avec Jac Berrocal (trompette, piano), Jean-Noël Cognard (percussions), Béatrice Godeau (violoncelle), Judith Khan (voix) et Dan Warburton (violon, claviers). Ici encore, c'est un projet d'improvisation libre très énergique et réactif, basé sur la spontanéité et utilisant pas mal d'éléments jazz. Et dans le "genre" c'est plutôt réussi, c'est assez efficace (passez moi l'expression...). Seulement voilà, je suis assez voire complètement hermétique au chant dans l'impro libre, ainsi qu'aux touches parfois jazz-rock/fusion de Berrocal et Warburton notamment lorsqu'ils utilisent orgue Hammond (ou autres) et reverb sur la trompette. Pour quelqu'un qui a longtemps détesté le jazz-rock et une grande partie de tout ce qui pouvait être vocal, et qui, en plus, n'est pas un inconditionnel de la free improvisation, ce sont autant d'éléments qui me paraissent difficilement surmontables. Ceci-dit, on retrouve - comme sur les autres prjets de Jean-Noël Cognard - une passion sans préjugés et une énergie viscérale qui sont largement appréciables.
Ce qui me dérange est vraiment personnel, et je pense qu'un bon nombre d'amateurs d'impro libre y trouveront largement leur compte. Et sinon, il y a toujours l'autre disque de Tankj qui vaut vraiment le coup. A vous de voir.