RISHIN SINGH - Three Weevils (Avant Whatever, 2013) |
Trois pièces sont présentées sur ce disque : de couleurs, de volumes et d'ambiances différents mais qui procèdent toutes d'une même méthode et d'un même but. La première, "Ablute", est une courte pièce de trois minutes sur laquelle on entend une fréquence basse statique et une note grave identique répétée au trombone. Les fréquences s'entremêlent et ne se distinguent parfois que difficilement, étant jouées au même volume. Sur "Vinyl", la plus longue de la série avec ses vingt minutes, Rishin Singh joue sur des volumes très faibles : le stylet d'une platine coincé à la fin d'un disque sert en effet de base environnementale. Le même crépitement faible et mécanique se répète, et Rishin Singh n'intervient que trois ou quatre fois de manière instrumentale. Une même note dispersée aux quatre coins de la pièce, avec la neutralité et la discrétion radicales d'un Radu Malfatti. Plus on avance dans le disque, plus les interventions et les apparitions de Singh se font discrètes, petites, faibles ; pour finalement s'évanouir totalement dans l'environnement sonore. Car sur "Kambah", pièce d'une durée moyenne sur un volume fort, la présence instrumentale et corporelle du compositeur est littéralement noyée par un bruit blanc statique qui ressemble à l'enregistrement très proche d'une cascade durant environ six minutes.
Avec ces trois pièces Rishin Singh orpose des compositions dignes de l'héritage de John Cage, pour le dialogue "sensuel" établi entre le bruit et la musique, la performance et son environnement, et un décentrement radical de la personnalité et de l'ego. Un premier album solo très réjouissant et intéressant, j'attends la suite de ce compositeur...