PAUVROS/MÜLLER/COGNARD - Tribraque (Trace, 2012) |
Un autre projet avec Jean-Noël Cognard donc qui présente ici une nouvelle facette et un nouvel univers plus proche de la noise et de l'indus maintenant, ou encore de ce qu'on appelle dorénavant le free rock. Les collaborateurs sont donc bien choisis pour ce type de projet : un guitariste présent aussi bien dans la musique improvisée que dans la noise qui ne lésine pas sur les soli enragés et les explorations soniques, et Patrick Müller qui, derrière son dispositif "électrosonic" qui semble être avant tout un synthétiseur modulaire, est tout autant adepte des effets de saturation, de distorsion et de larsens. Etrangement la batterie est souvent moins rock que d'habitude, mais plus brutale, plus primitive, elle participe aux murs de sons plus qu'elle ne les accompagne. Car le trio joue sur des blocs de sons ou de bruits compacts, sur des masses sonores toujours tendues avec ses composants qui se frottent constamment.
Une musique compacte et massive en somme, mais aussi énergique et intense la plupart du temps. Les six longues improvisations sentent la sueur, les hormones et l'alcool (malgré l'enregistrement dans un auditorium de conservatoire) ; elles semblent revenir à l'énergie primitive et agressive du crust ou du grind. Une musique grasse et lourde, massive et puissante, qui propose tout de même des formes évolutives, fluctuantes et denses. Tribraque forme une suite d'improvisations noisy, énergiques, puissantes, saturées et réfléchies. Des improvisations sûres d'elles-mêmes et dévastatrices. Pas mal.