EVAN PARKER, BARRY GUY, PAUL LYTTON - Nightwork: Live At The Sunset (Marge, 2010)
Evan Parker: saxophones soprano et tenor
Barry Guy: contrebasse
Paul Lytton: batterie et percussions
01-Cohobation
02-Cupellation
Janvier 2010, le trio anglais Parker/Guy/Lytton enregistre une nouvelle fois un concert au Sunset (Paris). Ce trio mythique compte déjà une vingtaine d'enregistrements, et ce depuis le début des années 80, mais rien n'a réellement changé depuis Tracks (1983) par exemple. Mais de la même manière qu'avec le Schlippenbach trio qui n'a pas non plus changé d'orientation musicale, on ne se lasse pas de cette formation anglaise, la même fraîcheur et la même énergie sont toujours présentes 20 ans après.
Car la capacité de réaction à chaque intervention paraît toujours aussi adéquate et originale, l'écoute de chacun est particulièrement intensive. De plus, l'énergie est toujours la même: une intensité qui nous amène aux limites de l'essoufflement. Le son global devient plus homogène, plus précis et plus assuré avec les années, l'improvisation collective acquiert alors une unité qui ne fait que redoubler l'énergie. Chacun, parmi ses outils musicaux, a su choisir ceux qui conviennent le mieux à cette formation. Tel langage est ainsi utilisé de manière à ce que chacun puisse répondre de la manière la plus adéquate, à ce que chaque action/réaction soit cohérente avec la totalité de l'improvisation, dans sa structure comme dans sa forme.
En définitive, il n'y a rien de neuf dans cet enregistrement, sauf que le langage, l'écoute, et par conséquent le dialogue se sont affinés, à un point de tension et d'intensité quasiment optimal. L'approche créative n'est pas complètement délaissée, mais stagne quant à elle au point de devenir une marque de fabrique ou un idiome bien propre à la culture européenne de l'improvisation libre (cf. l'absence notoire de hiérarchie instrumentale, de rythme et de tonalité, ainsi que l'aspect polyphonique et collectif de l'improvisation). Mais même si l'aspect aventureux qui a pu faire la gloire de ce trio est quelque peu mis de côté, il reste toujours qu'il déborde d'une énergie indomptable et vraiment affinée par la précision que prend la forme de ce discours toujours aussi marqué par la spontanéité, autant dans les techniques de jeu, dans l'énergie et la présence/absence, que dans l'homogénéité sonore proche de la symbiose.