PIOTROWICZ - When snakeboy is dying (Musica Genera, 2013) |
La musique de Piotrowicz est vraiment unique et magnifique. Une musique électroacoustique qui ne ressemble pas à de la noise, ni à de l'improvisation, ni aux recherches de l'IRCAM, ni à quoique ce soit. Au contraire, elle ressemble plutôt à du Wagner. Piotrowicz a un grand sens du drame, de la tension, et des textures de masse. Les cinq pièces proposées sur When snakeboy is dying forment une suite cohérente de petits drames électroacoustiques. Des petits drames où l'équilibre entre les moments de tension, basés sur la microtonalité et les clusters au synthétiseur, et les résolutions basées sur de courtes mélodies simples et instrumentales (piano, vibraphone, guitare), est tout simplement parfait.
Mais l'équilibre, c'est aussi entre les instruments acoustiques et de synthèses qu'on le retrouve. Les compositions de Piotrowicz forment une architecture complexe et vivante où la tension et le drame sont produits de manière horizontale et linéaire grâce aux masses sonores du synthétiseur mais aussi de manière verticale dans la relation entre ce dernier et les instruments acoustiques. Les quelques notes éparses, aérées et minimales des piano, vibraphone et guitare forment le contrepoint parfait aux nappes microtonales massives. Le cluster s'oppose aux arpèges réduits, le drone aux mélodies, les progressions microtonales aux apparitions furtives tonales, etc. Les compositions de Piotrowicz sont denses, complexes, minutieuses, et très réfléchies. L'atmosphère est assez sombre, malgré les éclats de lumières instrumentaux, assez oppressante parfois, mais en même temps très poétique, douce, et sensible.
C'est la première fois que j'entends les compositions de Piotrowicz, et je suis complètement convaincu. Un grand compositeur, qui utilise le synthétiseur modulaire de la même manière qu'un orchestre, qui sait gérer les tensions et possède un sens de la narration et du drame sublime. Vivement conseillé.