LEXER & KASYANSKY - the fog (Dromos, 2013) |
Quant à la musique enregistrée, il s'agit d'un duo composé de Sebastien Lexer au piano étendu (par un logiciel et un dispositf électroacoustique), et de Grundik Kasyansky à l'électronique et aux bandes. Les deux musiciens proposent une courte pièce d'à peine une demi-heure. Une improvisation basée principalement sur la recherche d'une tension permanente, des écarts de dynamique, et des différentes textures possibles. L'atmosphère est souvent calme, voire silencieuse, même si par moments ça peut être plutôt fort et dense. De manière générale, Kasyansky recherche - qu'elles soient fortes ou faibles - des textures granuleuses et corrosives, des fréquences extrêmes, des fréquences proches des radios, ou encore des manipulations qui évoquent un phonographe dégueulasse. Et quant à Lexer, il joue principalement sur la texture métallique et granuleuse des cordes, sur les harmoniques et les résonances amplifiées, ainsi que sur l'aspect percussif des marteaux et des clusters.
Il est très souvent difficile de distinguer qui ou quoi est à l'origine de chaque intervention. On se demande qui peut faire quoi, mais même s'il n'y aurait pas à tout hasard des invités fantômes supplémentaires (j'ai vraiment l'impression d'entendre des flûtes, un violon ou un saxophone par moments). Lexer & Kasyansky produisent durant cette improvisation des textures homogènes et brumeuses, des textures floues et granuleuses. Là où ça devient intéressant, c'est dans les grands écarts de dynamique, quand on passe d'un quasi silence à un cluster monumental. Des écarts qui donnent une tension permanente à cette improvisation.
Une improvisation calme et abstraite où tout se joue sur la tension et les différentes dynamiques, au-delà de la pure recherche sonique. Lexer & Kasyansky délivrent ici une pièce dense, brumeuse et intime, qui n'est pas sans poésie malgré l'aspect parfois rude du son en tant que tel. Que ce soit sur le son, le silence, ou la construction, le duo propose ici un beau travail.