CYRIL BONDI - The Foil (drone sweet drone, 2013) |
Le dispositif est développé par Bondi depuis plusieurs années, et il semble aujourd'hui arrivé à pleine maturité. La plupart du temps, le batteur suisse percute sa grosse caisse de manière mécanique et hypnotique, une simple pulsation qui ne varie que peu. Tout se joue avec les objets mis en vibration sur la peau, des objets aux couleurs différentes selon leur matière, aux rythmes différents selon leur poids, aux mouvements plus ou moins prévisibles aussi. Cyril Bondi actionne ces objets, observe leur mouvement et réagit en fonction. Des réactions qui vont de légères variations de pulsation ou d'intensité, du frottement régulier d'un crotale à un souffle court dans l'embouchure seule d'une trompette.
C'est déjà ce que je disais du solo de Gino Robair, le principe et la méthode sont simples - mais les résultat sont d'une complexité et d'une richesse déconcertantes. Les couleurs, les cycles rythmiques, et les harmoniques qui se déploient au gré des mouvements parfois chaotiques des objets ne cessent de surprendre et de se renouveler. Je ne veux pas tout remettre non plus sur le dos du hasard et du chaos, car si ce genre de procédé marche, c'est aussi et principalement dû à la précision, l'ingéniosité, la patience, l'extrême attention et la sensibilité de Cyril Bondi, qui sont constamment à l'œuvre durant cette excellente demi-heure.
Les solos de percussions, on commence à connaître, les drones aussi, les solos de percussions sous forme de drone, déjà moins, et de drone aussi riche, dense et complexe, encore moins. Pour cette pièce ininterrompue et continue, Cyril Bondi offre une palette de sons toujours plus complexes et vivants, en plus de maintenir une tension permanente. Vivement conseillé.