CHAN/SMITH/WALTER - Improvised Music and Tentacles (bug incision, 2013) |
Des improvisations énergiques et réactives. Ce n'est pas très violent dans l'ensemble, les trois musiciens ne jouent jamais excessivement fort, il n'y a pas de crescendo interminable, et on peut même trouver de nombreuses plages assez calmes et espacées. Mais il y a une forme de tension et de nervosité toujours présente dans l'interaction (notamment chez Walter, mais aussi chez Smith dans une moindre mesure), même aux moments les plus concentrés sur les textures. A ce niveau, c'est Charity Chan qui paraît le plus intéressant, avec un jeu qui met l'accent sur des phrasés lisses et atonaux, qui nous plonge souvent dans une sorte de brouillard informe pas commun.
Pas grand chose à dire sinon sur ces improvisations libres qui ne marqueront certainement pas les auditeurs pour leur aspect innovant...
DAN MEICHEL & CHRIS DADGE - Mannington (bug incision, 2013) |
Les duos sax/batterie sont très courants en free jazz, et les esthétiques nombreuses. Le choix de celui-ci est orienté en mémoire de Han Bennink et Peter Brötzmann, un des duos sax/batterie les plus marquants de l'improvisation libre européenne avec celui de Evan Parker & Paul Lytton. Il s'agit donc d'improvisations énergiques souvent, non dénuées d'humour et de mélodies. Mais la plupart du temps, l'interaction tourne autour de l'intensité et de la tension. Une sorte de retour au cri, mais avec plus de joie et de liberté que chez les américains. Ce duo sonne très années 70, quand les musiciens brisaient les frontières, avec violence et humour, avec bonheur et spontanéité. Des improvisations qui prennent de nombreux chemins inattendus et où sont mises en avant des personnalités riches, fortes et complexes, malgré les fantômes de Bennink & Brötzmann. Très beau travail.
SIMEON ABBOTT & MIKE GENNARO - Meditations on First (bug incision, 2013) |
Encore une fois, il s'agit d'un duo assez classique d'impro libre et spontanée, plutôt axé sur les aspects rythmiques des deux instruments, notamment sur les toms pour la batterie, et sur les attaques au piano. Je ne trouve pas le dialogue très interactif, on dirait que chacun veut montrer ce qu'il sait faire de son côté, sans trop se soucier de ce que l'autre peut bien faire, notamment aux moments les plus prolixes. Ce qui arrive souvent, car ce duo joue aussi souvent sur l'énergie et la rapidité.
Une suite d'improvisations sous forme de démonstration de force, la plupart du temps, atonales et rythmiques, aux pulsations fortes et rapides, mais aussi décalées et complexes. C'est assez monotone en somme, sauf lors de rares moments mélodiques, ou lorsque les deux musiciens paraissent enfin s'écouter. Il faut vraiment être un inconditionnel du free jazz et des improvisations collectives pour aimer, ou bien de l'improvisation libre des années 60, celle encore teintée de jazz et de musique américaine ; sinon, on risque comme moi de ne pas y trouver beaucoup d'intérêt.
THE UNREPEATABLE QUARTET - calgary 2012 (bug incision, 2013) |
Sur ce live enregistré en 2012, le quartet propose une seule et unique improvisation de plus de 35 minutes. Une improvisation énergique et réactive composée souvent de phrases et d'idées très courtes. Toute intervention est suivie d'une réponse immédiate et spontanée d'un autre musicien, chaque phrase est une question adressée au groupe - qui se doit de répondre le plus vite et de la manière la plus créative. De l'improvisation libre non-idiomatique souvent tendue, intense, et énergique, très énergique même avec ces pointes incisives de deux ou trois notes lancées à la trompette et au saxophone - accompagnées par une section rythmique soit obstinée, soit inlassablement prolixe. Le quartet part aussi à certains moments dans des explorations plus méthodiques du timbre et des textures - comme lors d'un très bon duo sax/trompette où Wright et Epps explorent des notes tenues et des techniques étendues durant quelques minutes pour un passage calme, contemplatif, lyrique et créatif.
Du repos et beaucoup de tension, une performance équilibrée entre l'improvisation libre réactive et le réductionnisme, la musique de ce quartet est assurément virtuose, tendue souvent, belle aussi, assez créative et intense. Pas très original mais néanmoins, servi avec de la passion et de la personnalité.