KOBOKU SENJÛ - Joining the queue to become one of those ordinary ghosts (MIE, 2013) |
Le quintet propose ici l'enregistrement d'une session live. De la pure improvisation réductionniste très réussie. Il s'agit de longues nappes monolithiques et linéaires, d'improvisations de masse où la texture est l'élément principal, d'accord. Des feed-backs interminables, du souffle continu, des techniques étendues en-veux-tu-en-voilà, une opposition indistincte entre les instruments, l'acoustique et l'électronique, d'accord aussi. Mais tout ça pourrait aussi voilà dire que c'est chiant. Ce serait sans compter d'une part sur les micro-variations qui fourmillent constamment, des pistons qui surgissent aux parasites électroniques, en passant par des slaps, phrases mélodiques aériennes à la guitare, et d'autre part, sur les fluctuations, vibrations et oscillations propres aux nappes sonores elles-mêmes. D'un côté, Koboku Senjû laisse le son se développer par lui-même, semble se complaire dans la contemplation du son qui se projette ; et d'un autre côté, le quintet pousse le son à s'activer, il le rompt, l'enrichit, l'amplifie, grâce à l'intégration constante de nouveaux éléments sonores qui se superposent, à l'amplification d'autres évènements, etc.
La vie de cette longue nappe est très riche et dense, l'imbrication des éléments est complexe. En plus de ça, tout est fort, intense. Laissez tomber le côté zen et contemplatif du réductionnisme et d'onkyo, ici, chaque intervention, tout en s'intégrant dans des aspects linéaires et monolithiques, est nerveuse, urgente. On aurait pas cru pouvoir y arriver un jour, mais si, Koboku Senjû propose bien une longue improvisation réductionniste, aussi puissante et intense que massive et continue. Si le réductionnisme laisse parfois l'impression de s'embourber dans ses codes et ses habitudes, Koboku Senjû le réactive avec passion et fureur. Du réductionnisme viscéral et organique, où chaque élément est vital et singulier, mais s'intègre indissolublement à la masse sonore. Excellent.