GINO ROBAIR - Solo drums with ebow (bug incision, 2013) |
On en est pas loin bien sûr, car les cinq pièces de ce disque sont composées selon le même principe, des lamelles de métal et une corde de guitare posées sur une caisse claire et un tom, et actionnées par un ebow. Mais d'une part, de manière purement sonore, le son de Gino Robair est plutôt agressif et abrasif, assez proche de la noise en fait, d'une noise acoustique, ce qui est amplifié par de nombreuses attaques violentes et un enregistrement très proche - ce qui l'éloigne de la sérénité des enregistrements réductionnistes. Et d'autre part, Gino Robair ne contrôle pas tout, il laisse les objets vivre, résonner et se déplacer par eux-mêmes sur les percussions - un peu comme Cyril Bondi par exemple, qui laisse ses objets évoluer sur sa grosse caisse.
Ce solo paraît alors extrêmement travaillé et hasardeux en même temps. Robair semble bien savoir quelques textures seront produites par tel disposition des métaux et de l'ebow sur les percussions, mais ce qu'il ne prévoit pas, ce sont les mouvements chaotiques qui seront produits par la résonance. Un chaos qui forme très vite une grande richesse rythmique et harmonique, une grande richesse sonore imprévisible.
Donc d'un côté, les textures et les couleurs déployées sont vraiment très inventives et intenses ; et d'un autre côté, la mise en forme spontanée de ces sons et de ces bruits souvent durs est extrêmement riche et vivante. Excellent travail, vivement conseillé.