DEER- One (Deszpot, 2013) |
Dès les premières secondes, on sait déjà que l'on ne s'ennuiera pas en fait. Car si la note est faible et calme au début, elle n'est pas simple ni monotone : elle se trouve pris dans un flux constant d'oscillations, de vibrations, et de tremblements. Une grande richesse et une certaine complexité sont déjà présentes dans la partie purement acoustique. Beaucoup s'en serait contenté j'imagine, mais Deer non. Cette note gagne continuellement en amplitude, en intensité, en mouvement, en puissance et en densité. Constamment augmentée et amplifiée, elle ne se suffit plus. Il lui faut ensuite l'ajout d'électronique, de parasites, de bruits blancs, d'infrabasses qui semblent mettre en avant des propriétés cachées de cette note ; et nous voilà pris au piège dans un drone de plus en plus envoutant, massif, obscur. Une descente aux enfers obsédantes, un glissement de terrain inéluctable, un ensorcellement viscéral. Seul le court decrescendo final semble pouvoir ramener l'auditeur à la surface, au réel ; et encore, son pouvoir semble limité, car à chaque écoute, je n'avais qu'une seule envie une fois le disque terminé, le remettre au début...
Deer propose donc un drone très sombre, qui devient de plus en fort, dense, complexe et agressif. Jamais la clarinette basse ne m'a semblé aussi envoutante, ensorcelante, obsédante et magique. Conseillé.