DAVID PAPAPOSTOLOU - Sivom de la Droude (authorised version, 2010) |
J'avais eu l'impression que contrastes avait été enregistré à l'intérieur d'une sorte de silo vide, mais finalement, je m'aperçois maintenant qu'il s'agissait peut-être d'un dispositif d'enregistrement plus archaïque, plus brut. Comme ces quatre pièces qui composent Sivom de la Droude. Pour celles-ci, David Papapostolou a posé son micro à l'intérieur d'un soprano posé au sol, ainsi que dans un bocal en verre. L'environnement enregistré est tout ce qu'il y a de plus banal : une route à travers le coffre de la voiture, un jardin, une véranda, etc. En somme, le sujet importe peu encore une fois, ce n'est pas ce qui est enregistré qui compte, ni le sujet en soi ni la fidélité de la restitution sonore. Le plus important est encore le processus d'enregistrement, le dispositif d'enregistrement qui est principalement axé sur la notion de filtre. (Ce qui n'est pas sans rappeler les Snared 60 Cuts de Murayama et Tsunoda, soit dit en passant - où des micros étaient placés à l'intérieur de la caisse claire qui servait de filtre à l'enregistrement d'un parc.) Saxophone et bocal en verre servent ici de filtre. Ils filtrent une multitude de fréquences et dénaturent complètement l'environnement. Et tout l'intérêt réside dans ce filtrage, qui au lieu de restituer ou d'explorer un environnement sonore, produit son propre univers sonore et musical. Un univers souvent mystérieux et déroutant, où les sons paraissent très familiers mais aussi très lointains. L'enregistrement est volontairement brut et archaïque, mais le rendu de ce dispositif est étonnant.
A partir d'une idée à première vue enfantine et naïve, on se retrouve face à une musique unique et extrêmement mystérieuse, des pièces où la figuration ne s'oppose plus à l'abstraction, où le système de filtre procure une attraction surprenante à un contenu sonore insignifiant. Très bon travail.