Diatribes - Augustus

DIATRIBES - Augustus (Insub, 2013)
Après plusieurs dizaines de publications digitales et quelques éditions matérielles, le netlabel insubordinations tente une nouvelle formule éditoriale, à présent sous le nom d'insub. On a tous entendu parler de la crise du disque, on y croit ou non, on se questionne ou pas, on s'y intéresse ou non, mais quoiqu'il en soit, tous les acteurs de la musique semblent touchés à un certain degré : ce pourquoi on en est arrivé à des publications digitales gratuites, puis payantes, ou au retour à des objets fétiches (vinyles, cassettes) ainsi qu'à des pochettes et livrets de plus en plus proche de l'oeuvre d'art.  Cyril Bondi et d'incise se préocccupent de ces questions éditoriales et proposent avec la collection insub une réponse originale. Dorénavant, ce qu'on pourra acheter sur ce label, ce seront soit des téléchargements payants, soit et surtout une édition mi-virtuelle mi-matérielle puique insub édite des petits coffrets sérigraphiés au format A6 qui contiennent un livret (avec les informations classiques, des interviews, des partitions, des collages, etc.) et... un bon de téléchargement., la musique en elle-même étant dans un format numérique et virtuel.

Pour l'instant, cette série a débuté avec la publication de compositions d'Hannes Lingens, et d'une longue improvisation de Diatribes, duo composé de d'incise à l'ordinateur et aux objets, et de Cyril Bondi à la grosse caisse et aux objets (embouchure de trompette, melodica, etc.). Durant ces quarante minutes diatribes propose une pièce plutôt calme et linéaire, avec une intensité toujours égale à elle-même, un volume moyen constant et une absence de rutpure. Dit comme ça, on pourrait penser qu'il s'agit de drone et pourtant pas du tout (même si cette pièce est composée d'un certain nombre de drones). Diatribes utilise de nombreux éléments soniques (des notes de mélodica, des objets métalliques frottés sur la grosse caisse, des drones très bas à l'ordinateur, des nappes, des bruits blancs et de nombreux sons et bruits variés), des éléments qui s'ajoutent et se retirent subtilement sans jamais modifier la dynamique. Pour Augustus, Cyril Bondi & d'incise ont su créer une musique fine, constante, belle (et même harmonieuse parfois). Augustus ressemble à une improvisation rectiligne très rigoureuse, mais en même temps, elle ne cesse d'évoluer sur des territoires soniques différents qui se répètent et s'oublient.

Une longue pièce vraiment surprenante pour sa linéarité très précise, une linéarité pourtant constituée d'une multitude d'interventions très différentes. Très minimaliste dans la forme, c'est au contraire plutôt maximaliste et très riche dans le contenu. Très beau travail en tout cas.